jeudi 24 avril 2025

Martha Argerich, portrait

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Magicienne Martha

Il y a de la félinité chez Martha Argerich. Une présence naturelle dont la simplicité et la grâce vous envoûtent sans que vous vous en rendiez compte. La femme d’ailleurs aimante ceux qui l’approchent et savent cultiver leur relation. Ainsi ses proches, Ivry Gitlis ou Nelson Freire. Et tous les jeunes instrumentistes, pianistes (Ivo Pogorelich à son époque, aujourd’hui Piotr Anderszewski…) ou non (les frères Capuçon) qui ont bénéficié de son protection stimulante, de son aura de fée.
Née à Buenos Aires en 1941, Martha Argerich aime brouiller les pistes. Elle se dérobe. « J‘aime le piano, mais je n’aime pas être pianiste« , dit-elle, non sans une malice qui caresse l’art ténu du paradoxe. Elle sait voir l’âme, sonder le coeur des musiciens, c’est son côté sorcier, sa nature de « gitane ».
A 24 ans, en 1965, la jeune pianiste décrochait le premier prix du 7 ème Concours International Frédéric Chopin de Varsovie. Aujourd’hui, l’artiste argentine a posé ses valises dans une nouvelle ville : Lugano. Là vécut le grand Wilhelm Backhaus; là, s’est éteint Arturo Benedetti Michelangeli (1995), son maître. C’est là enfin qu’a lieu un festival, en juin, conçu pour elle: le « Progetto Martha Argerich ».
Que peut réellement offrir l’interprète le temps d’un concert? Plutôt que sa confrontation à l’oeuvre abordée, ce qui tient du calcul, voire de la dérobade, la pianiste respire dans la musique, elle s’y glisse avec élégance et poésie, comme si de rien était. Pour elle, la musique est une seconde nature ou sa propre essence. Rubinstein lui a dit, admiratif, qu’elle lui faisait penser à Horowitz. Pour nous, Martha Argerich est elle-même, une flamme ardente et tendre, à nul autre semblable.
Celle à qui fut diagnostiqué un cancer foudroyant de la peau, qui gagna même les poumons, semble profiter d’une rémission miraculeuse. Elle n’a jamais tant parue plus sereine, comme à l’écart du monde, suspendue à son clavier magicien, le temps d’un concert.

DVD
TDK fait paraître un dvd en avril 2006, « A piano evening with Martha Argerich ». Prokofiev, Schumann, Beethoven : avec Renaud et Gautier Capuçon, Flanders Symphony orchestra, direction : Alexandre Rabinovitch-Barakovsky. Concert live enregistré à la Roque d’Anthéron, en juillet 2005.

Crédit photographique
Martha Argerich (DR)

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