jeudi 24 avril 2025

Martin Matalon, compositeurLauréat du Grand Prix Lycéen des compositeur 2007

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Les lycéens à l’écoute des compositeurs contemporains
Comment les lycéens (soit quelques uns des mélomanes français les plus jeunes), perçoivent-ils le travail des compositeurs contemporains? En remettant chaque année, juste avant le printemps, son Grand Prix lycéen des compositeurs, la revue quinzomadaire, La lettre du Musicien, interroge les classes lycéennes, tout en permettant aussi de suivre la vitalité critique et les goûts des sensibilités en herbe. Tonales, les oeuvres ont-elles plus de chances d’être « audibles, donc « comprises »? L’épreuve de plus en plus (re)connue pourrait, souhaitons-le, influencer les auteurs dans leur processus créatif. Dès lors qu’il est écouté voire analysé par des oreilles affûtées, en particulier par de jeunes mélomanes, « critiques » et curieux, chaque compositeur peut tirer bénéfice à faire évoluer sa pratique.

L’oeuvre de Martin Matalon
profite de son passage à l’Ircam, et aussi de son écriture pour le cinéma, en particulier pour les films de Luis Bunel (Un chien andalou, L’âge d’or), ou de Fritz Lang (Metropolis). « Torito Catalan », l’oeuvre présélectionnée qui lui a valu de remporter le 8 ème Grand Prix Lycéen des compositeurs, appartient au cycle de musique conçu pour « Un Chien Andalou » de Bunuel. Sa composition est le fruit d’une résidence à l’Arsenal de Metz où elle fut jouée en 2003 par l’Orchestre national de Lorraine sous la baguette de Jacques Mercier.
Les références au cinéma et aux séquences visuelles du film de Bunuel structurent l’écriture, jalonnée de repères musicaux facilement repérables. L’écoute en est d’autant plus facilitée. Le succès de l’oeuvre tient assurément à la gestion mesurée entre prévisible et imprévisible, surprise et réassurance. L’oreille est chahutée à dose homéopathique, rendant le développement musical plus compréhensible et assimilable. Dans ce repérage explicite, les citations du tango argentin, qui évoque l’origine du compositeur né à Buenos Aires, est emblématique. En ce sens, Torito catalan est structuré à partir d’un tango central, le seul composé par l’auteur, comme un « contrepoint » au Chien Andalou de Bunuel. Le travail de Martin Matalon souligne combien de façon dynamique, le déroulement musical doit au film, et s’en détache totalement. L’expressivité et le surréalisme des images (le film dure 15 minutes) s’en trouvent renforcés, sublimés en quelque sorte, grâce à la musique, compressée, presque saturée d’informations.

Martin Matalon, portrait du lauréat

Né en 1958, en Argentine, Martin Matalon se forme à la Juilliard School de New York. Il remporte un premier succès en France avec Le Miracle secret, premier opéra de chambre d’après Borges, représenté au Festival d’Avignon en 1989. L’écriture du compositeur argentin est d’abord influencée par Boulez, les dernières oeuvres de Stravinsky et par Messiaen.
En 1993, il s’installe à Paris et renouvelle sa manière. A l’Ircam, un nouveau style plus personnel se précise. La partition écrite alors pour le film restauré de Fritz Lang, Metropolis, comme à la même période, la version chambriste de Torito catalan, confirme une libération du style, qui passe néanmoins par de nombreuses références au jazz et à la musique progressive. Musique électronique, spatialisation enrichissent encore une conception originale du spectre musical. Metropolis qui a demandé plus de deux ans de travail en raison de sa durée à l’écran (2h20mn), intègre de nouvelles couleurs grâce à l’emploi d’instruments diversifiés: tablas, percussions d’Amérique Latine, clavecin… Les dernières pièces de Martin Matalon sont de son point de vue, plus resserrées et intimes. L’auteur se montre plus sensible à la notion de « poétique musicale » plutôt qu’au sentiment et à la nécessité d’implosion, d’éclatement, de chaos.
Pour lui, l’opposition tonale/atonale est un schématisme anachronique. Seule compte la liberté intuitive du créateur qui se propose de conduire l’auditeur vers des horizons inexplorés, quitte à rompre (surtout) avec les règles conventionnelles d’une narration monodirectionnelle.
En cela, paradoxalement, ses compositions, écrites en contrepoint de films, où le fil dramatique pourrait constituer un cadre contraignant, montrent a contrario, l’étendue des possibilités permises en regard d’une référence visuelle préétablie. La musique se nourrit des images sans en être étroitement dépendante.

Crédit photographique
Martin Matalon © P.Dietzi

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