Britten : le mythe de l’enfance

L’auteur connaît le sujet pour avoir consacré à Benjamin Britten de nombreuses heures d’antenne, en particulier en 1986, quand à Aldeburgh, le berceau du poète musicien, où il est né en 1913 et où il s’éteint en 1976, elle consacrait près de quinze heures à l’oeuvre du compositeur.L’évocation suit la chronologie des faits marquants d’une vie aspirant au grand large. La naissance baignée par les embruns marins, l’apprentissage auprès du compositeur Franck Bridge qui fut pour lui, plus qu’un passeur : le mentor qui allait déterminer une vocation.
Entrée au Royal college of Musik de Londres, « l’école de la tradition » ; la place du piano qui fait de lui un interprète au clavier, fin et recherché (admiré entre autres par Yehudi Menuhin…) ; l’admirateur de Stravinsky et de Berg, rencontre plusieurs personnalités qui vont élargir ses horizons culturels et accélérer sa maturité de compositeur: le poète Wystan Hugh Auden, son compagnon Peter Pears (1937) ; Les premiers chefs-d’oeuvre, comme Les Illuminations (1939), l’affirmation de son antimilitarisme forcené… au fil des pages, le style clair et vivant, renforce l’attraction d’une oeuvre concise et puissante, en relation avec les engagements et les positions tranchées. Britten reste un homme de théâtre, soucieux de rétablir une nouvelle écriture dramatique grâce à l’appui de ses librettistes et poètes, grâce au concours de son compagnon, Peter Pears qui créera bon nombre de rôles importants dont Peter Grimes.
Outre le théâtre auquel Britten consacre une activité régulière, couronnée par le succès et la reconnaissance, tous les aspects de l’oeuvre sont abordés : musique de chambre et musique vocale, musique orchestrale et chorale. L’enfance reste un thème cher et longuement traité. Il est au coeur d’une oeuvre à clés dont on commence de mesurer la modernité poétique et l’originalité. Mildred Clary suit pas à pas les journées d’écritures et les rencontres ; lectrice de la correspondance, les pages descriptives ou évocatrices des oeuvres, ajoutent les pensées et les déclarations autographes.
Poignantes sont les derniere chapitres qui brossent le portrait d’un homme malade dont l’opéra « Mort à Venise » d’après Thomas Mann, est son testament. Un oeuvre centrale qui dévoile la teneur d’une sensibilité à part et d’une exceptionnelle intensité poétique : « la poursuite de la beauté, de l’amour, doit-elle nécessairement aboutir au chaos? »
Outre la biographie proprement dite, Mildred Clary présente la chronologie des oeuvres et une bibiliographie « sommaire » parfaitement présentée, et commentée, titre par titre.