Opéra sur le zinc
L’opéra de chambre Le Pauvre Matelot de Milhaud et Cocteau (1927)
tourne dans les cafés et les bars de la région des Pays de la Loire.
Expérience unique jusqu’au 26 novembre 2009.
4
chanteurs, 1 pianiste jouent un drame de la folie ordinaire, à la
rencontre des spectateurs, dans bars et cafés de la région Nantaise.
Angers Nantes Opéra « ose » de nouvelles expériences, crée
concrètement les moyens pour que l’opéra se démocratise, pour qu’il
gagne de nouveaux publics, sans jamais sacrifier la cohérence des
productions présentées. D’autant que Le pauvre Matelot (1927) de Darius Milhaud
(1892-1974) y gagne même un surcroît de réalité et de vérité en étant
joué et chanté dans les bars et cafés (son décor naturel) de la région
Nantaise.
Il
en avait déjà l’idée dès 1984, quand avec Christian Gangneron,
Jean-Paul Davois, directeur d’Angers Nantes Opéra, travaillait au sein
de l’Arcal à la programmation artistique : faire jouer un opéra dans le
lieu de son action, auprès d’un public non traditionnellement acquis à
l’opéra, mais confronté dans le dispositif retenu, à la réalité
physique des chanteurs et des musiciens: car ici, proximité et
intensité font de l’opéra dans les cafés, une expérience inoubliable
pour tous ceux qui la vivent désormais. Créé dès 1984, le spectacle
connaît ainsi un nouveau souffle.
Sur un livret de Jean Cocteau, 4 chanteurs et 1 pianiste ressuscitent
la tragédie ordinaire d’un micro drame époustouflant par son
efficacité. La mise en scène de Christian Gangneron met à profit
l’acuité de l’action dans son décor naturel. Il trouve même dans les
cafés réels, partenaires de la tournée, une vraisemblance décuplée qui
se met au service de « la rencontre fatale de deux folies ordinaires », celle d’une femme « installée dans la douleur de l’attente », celle d’un homme « qui joue avec sa vie ».
Ici le familier voisine avec l’horreur et l’impensable; c’est la
réalité déchirante d’un amour sacrifié comme a pu l’être déjà en son
temps (1628), « Le Combat de Tancrède et de Clorinde » de Monteverdi: Le Pauvre Matelot
synthétise et réactualise au XXème siècle, la grandeur dérisoire de
deux destinées déconstruites par une barbarie glaçante, c’est l’arrêt
sans appel d’un amour fauché net par une conjonction cruelle: il
revient mais ne se dévoile pas. Elle l’envisage comme un étranger et…
une proie. Les deux êtres que tout pouvait réunir enfin, se mentent à
eux-mêmes, pour l’autre. Mais
le destin en décide autrement et plongeant dans l’horreur la plus crue,
il laisse les spectateurs, démunis, comme frappés par le souffle
tragique d’un véritable joyau lyrique.
Le Pauvre Matelot de Milhaud et Cocteau est produit dans les
bars et cafés de la région des pays de la Loire, en Mayenne,
Loire-Atlantique, dans la Sarthe… pendant tout le mois de novembre, jusqu’au 26 novembre 2009. Pour chaque représentation, entrée libre dans la limite des places disponibles.
Avec Eric Trémolières (le matelot), Claudine Le Coz (sa femme), Jacques
Bona (son beau-père), Jean-Baptiste Dumora ou Vincent Deliau (son ami);
Stéphane Petitjean ou Yvan Deliau, piano.
Le Pauvre Matelot de Milhaud et Cocteau, tournée jusqu’au 26 novembre 2009 (12 dates annoncées). Informations, dates, lieux sur le site d’Angers Nantes Opéra. La tournée devrait reprendre en Mayenne et Loire-Atlantique, en avril et mai 2010.