Reims, Opéra. Les 18, 19 décembre 2015. Molière à l’Opéra. Jérôme Corréas. Les Paladins. Pendant une décennie – de 1664 avec La princesse d’Elide et Le Mariage forcé, jusqu’au Malade imaginaire, le duo Molière et Lully forment un binôme mythique produisant de nouvelles formes théâtrales entre musique et comédie dont allait, en y intégrant aussi la danse, et les intermèdes dansés, naître le futur opéra à la française (Cadmus et Hermione, 1673 : première tragédie en musique). Le genre lyrique en France était né, mais alors revendiqué exclusivement par l’omnipotent surintendant de la musique Lully. Auparavant les deux Baptistes, divertissent le Roi, grand esthète et danseur lui-même. Les deux complices élaborent une forme scénique où le délire burlesque satirique influencé de la Commedia dell’arte, n’écarte ni la profondeur tragique ni la poésie sentimentale. Leur ambition cible un théâtre nouveau, total, multidisciplinaire incluant à parts égales théâtre, chant, danse, musique instrumentale, acrobatie, machines…
Après la brouille avec Lully, Molière poursuit l’aventure théâtrale mais avec des contraintes supplémentaires imposées par l’impossible et exclusif Lully. L’auteur du Malade imaginaire meurt sur scène en 1673, l’année où Lully triomphe avec son Cadmus. Ainsi, Molière, héritier d’une longue tradition familiale d’artistes dont de nombreux musiciens, travaille avec les deux compositeurs les plus passionnants du Grand siècle : le florentin Lully, obsédé par l’invention du drame proprement français ; le Français Charpentier, plutôt très influencé par l’Italie, en particulier l’exemple dramatique du romain Carissimi, auprès duquel il se perfectionne…
Avec le premier Le Bourgeois gentilhomme, avec le second, Le Malade imaginaire, deux chefs d’oeuvre absolus du théâtre français voient le jour. Mais inspiré par la musique trhéâtrale, Molière conçoit d’autres productions : tels Le Mariage forcé, La Princesse d’Elide, l’Amour médecin, Georges Dandin, Monsieur de Pourceaugnac, Les Amants magnifiques, Le Sicilien ou Psyché
Les tableaux s’enchaînent et sont défendus par des chanteurs acteurs au tempérament mémorable, dont Molière et Lully eux-mêmes : dans Monsieur de Pourceaugnac, les deux médecins italiens armés de clystères poursuivent Pourceaugnac pour lui administrer un lavement (satire des faux doctes, très sadiques en robes noires; dans Le Bourgeois Gentilhomme, Lully joue le Grand Muphti tandis que Molière joue Monsieur Jourdain. Jérôme Corréas et ses Paladins revisitent la période enchantée où le duo Molière/Lully puis Molière/Charpentier échafaude le drame baroque absolu, poétiquement universel, musicalement flamboyant, capable de réunir tous les métiers de la scène, et de fusionner tous les registres poétiques : tragique, comique, héroïque, pathétique, satirique, bouffe… C’est pas ses multiples manifestations et l’ampleur de la pensée qui les convoquent, un âge d’or du théâtre français.
Opéra de Reims, 20h30
Vendredi 18 et 19 décembre 2015
3 rue Chanzy – 51100 Reims
Tel : 03 26 50 03 92
Site internet :
http://www.operadereims.com/
puis
Vendredi 1er janvier 2016, 20h30
Espace Vasarely, Antony
Place des Anciens Combattants d’Afrique du Nord – 92160 Antony
Tel : 01 41 87 20 84 // 01 40 96 68 57
distribution
Luanda SIQUEIRA soprano
Jean-François LOMBARD,
Jérome Billy ténors
Virgile ANCELY basse
Les Paladins
Jérôme CORREAS
direction et clavecin
PROGRAMME
Marc-Antoine Charpentier (1643-1704)
Le Malade imaginaire (1670)
Jean-Baptiste Lully (1632-1687)
Monsieur de Pourceaugnac (1669)
Jean-Baptiste Lully (1632-1687)
Pastorale Comique (1667)
Jean-Baptiste Lully
La Princesse d’Elide (1664)
Jean-Baptiste Lully
Monsieur de Pourceaugnac (1669)
Jean-Baptiste Lully
Le Bourgeois gentilhomme (1670)
Jean-Baptiste Lully
Les Amants magnifiques (1670)
Marc-Antoine Charpentier
Le Sicilien (1667)
Marc-Antoine Charpentier
Le Mariage forcé (1664)
Jean-Baptiste Lully
Psyché (1672)
Jean-Baptiste Lully
Les Amants Magnifiques
Jean-Baptiste Lully
Le Bourgeois gentilhomme (1673)