Mort du chef d’orchestre et flûtiste Frans Brüggen à l’âge de 79 ans. Le flûtiste et chef d’orchestre Frans Brüggen s’est éteint mercredi 13 août 2014 dans sa maison d’Amsterdam, à 79 ans. Né en 1934 à Amsterdam, Frans Brüggen devient virtuose de la flûte (traversière et à bec) après en avoir suivi l’enseignement au Conservatoire d’Amsterdam. Professeur au conservatoire royal de La Haye (21 ans), il devient une personnalité reconnue dans l’interprétation baroque sur instruments anciens. A l’égal des Gustav Leonhardt, Nikolaus Harnoncourt, Brüggen réinvente la méthode d’interprétation en favorisant toujours l’écoute, l’analyse, l’examen critique des sources, pour l’interprétation des œuvres choisies. Il fonde logiquement son propre ensemble sur instruments d’époque, le premier du genre, l’Orchestre du XVIIIème siècle dès 1981, au moment où William Christie créé en France Les Arts Florissants. Mais alors que le chef franco-américain se spécialise dans l’opéra du XVIIè français et après, Brüggen explore le riche répertoire symphonique du XVIIIème et jusqu’au début du XIXème, devenant ainsi le pionnier d’un courant musical qui prélude aux orchestres actuels : l’Orchestre romantique et révolutionnaire de Gardiner, of Enlightenment de Rattle, des Champs Elysées de Herreweghe, Les Siècles de François Xavier Roth, du Cercle de l’Harmonie de Rhorer, La Symphonie des Lumières de Nicolas Simon...
Curieux, insatiable, d’une grande culture, Frans Brüggen a marqué définitivement l’interprétation sur instruments anciens. Ses enregistrements pour Philips (Universal) des Symphonies de Mozart, Haydn, Beethoven, Schubert entre autres, ont marqué les esprits. Doué pour l’articulation ciselée, soucieux de la structure organique des oeuvres, il reste un modèle pour beaucoup dont les tenants de l’interprétation historique actuelle : les Immersel, Petrou, Currentzis de l’heure. Nous recommandons en particulier pour comprendre la souplesse vivace de sa direction à la fois détaillée, lumineuse, intense, les Suites de danses extraites des opéras de Jean-Philippe Rameau (1683-1764) dont il exprime alors à la tête de l’Orchestre du XVIIIème, la tendresse et l’urgence chorégraphique, un live fabuleux devenu légendaire, provenant du Festival d’Utrecht 1996-97 (Acanthe et Céphise, Les Fêtes d’Hébé, Glossa), mais aussi les Suites pour orchestre extraites des Opéra Naïs et Zoroastre du même Rameau (un autre live d’Utrecht absolument incontournable).