mardi 22 avril 2025

Nikolaus Harnoncourt: les 80 ans France Musique, les 26 puis 27 septembre 2009 à 4h

A lire aussi
Nikolaus Harnoncourt
Né en 1929
Portrait

80 ans en 2009!

Le 6 décembre 2009 marque les 80 ans du chef défricheur et audacieux, né à Berlin, Nikolaus Harnoncourt. Le pape de la révolution baroqueuse qui a apporté une nouvelle vision sur l’interprétation, rétablit l’importance sonore des instruments dits d’époque, la façon de les jouer et d’en attendre un résultat concret, a fondé en 1953 son propre ensemble Concentus Musicus avec ses ex collègues du Symphonique de Vienne dont il était le violoncelliste insatisfait. Voilà donc 56 ans que le jeune musicien, porteur d’un projet nouveau pour l’interprète et les répertoires hors classiques et romantiques, dits anciens et baroques, a lancé la révolution baroque dont nous sommes tous les héritiers.
Ses derniers cd que nous avons reçus et critiqués, tels Les Saisons de Haydn, édités pour le bicentenaire de la mort du compositeur autrichien, ont été des chocs. Avec le temps, l’acuité du regard, la compréhension des répertoires qui comprennent aujourd’hui autant les anciens que les modernes, de Bach, Monteverdi, Mozart à Schumann et Dvorak ou Bruckner, sans omettre Beethoven, se sont aiguisés: l’interprète invité à Salzbourg, plus rare en France, ne cesse d’imposer sa manière personnelle: vaincre l’habitude, ouvrir des perspectives, redéfinir l’acte d’interpréter. Au final, toujours plus de vérité, de justesse, d’intensité au service des compositeurs et de leurs oeuvres.

Esprit défricheur, impertinence artistique

S’il dirige Fidelio, et les opéras de Mozart, s’il a marqué l’enregistrement et l’interprétation sur instruments d’époque pour la trilogie de Monteverdi et les Symphonies de Beethoven, Harnoncourt a récemment renouvelé notre compréhension des opéras de Schumann (Genoveva dont le livret est quoiqu’on en a dit, d’une très belle qualité littéraire et dramatique… comme la musique), et surtout Haydn dont sa lecture en 2006 a révélé l’exigence vocale et surtout dramatique de l’auteur, qui fut l’élève de Porpora à Vienne: génie des voix, comme Mozart, Haydn soucieux de vérité théâtrale demeure à redécouvrir: avec Armida et Orlando Paladino, Harnoncourt, à la suite de Antal Dorati, -mais sur instruments d’époque-, a ouvert une brèche souhaitons-le riche en découvertes. Ici, se déploie une grâce facétieuse qui tempère l’image du « bon papa » qu’on nous sert trop souvent. En plus de son élégance et de son érudition, en fin lettré qui aime surprendre, Haydn a puisé dans son Burgenland natal (province la plus à l’Est de l’Autriche), des airs propres aux Alpes qui mêlent mélodies hongroises, slaves, allemandes et même croates… Rien n’est plus « indansables » que les menuets de Haydn développées dans ses Symphonies, surtout Parisiennes et Londoniennes…

Aujourd’hui, le chef jamais blasé qui aborde chaque nouvelle partition avec gourmandise, souhaitant en révélant la profondeur trouble, à la fois l’évidence mais aussi les conflits souterrains, se dédie à … Gershwin dont l’opéra Porgy and Bess devrait être une nouvelle source profitable d’enseignement. Son père le jouait au piano dans les années 1930… Autant dire que le garçon à l’oreille musicale la connaît depuis longtemps… Vif, tenace et exigeant, le maestro octogénaire aime les oeuvres qui parlent moins à la première personne que d’humanité, de partage, de compassion, d’engagement, de combat. Pour lui, l’humanité est un état qui n’existe pas: il se conquiert. La culture et la musique évidemment participe à l’essor d’une civilisation meilleure c’est à dire humaniste.

Lulu en … 2010

Après The Rake’s progress de Stravinsky qu’il estime comme le compositeur majeur du XXè siècle avec Berg et Bartok, Harnoncourt prépare enfin Lulu pour le festival de Salzbourg, programmé en août 2010. Encore un thème universel qui parle de l’ambiguïté implicite des êtres, du désir, de la manipulation… A Salzbourg toujours, ses opéras de Mozart, tels Les noces ou La Clémence de Titus ont frappé les esprits par leur profondeur et leur gravité sur un tempo retenu, qui en amplifie la vérité universelle…
Cloisonné, spécialiste, le pape des Baroqueux? Que nenni! Sa patrie est la musique vivante. Sur toutes les époques et tous les répertoires, il ne cesse de mettre en pratique sa curiosité inventive, critique, dépoussiérante. A nous d’en mesurer aujourd’hui, les bénéfices innombrables. Bon anniversaire maestro! Nous sommes résolument prêts à vivre de nouveaux défis à vos côtés.

Derniers articles

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img