Vu à la télé
Haendel: Belshazzar
Arte,
mercredi 23 juillet 2008 (direct)
Ce Haendel aixois est d’une superbe tenue. Le dernier oratorio de Haendel, Belshazzar, créé au King’s Theatre de Londres (1745) a tout du souffle de l’opéra, sans les contraintes et les codes contraignants (aria da capo). Souvent, Haendel préfère la ligne souple de l’arioso et du récitatif accompagné, le rôle de plus en plus important du choeur (il reste en cela authentiquement allemand, amoureux du choral luthérien)… ses oratorios dépassent en vérité les recherches propre à l’opéra.
L’Akademie für Alte Musik de Berlin articule la partie essentielle dévolue à l’orchestre, comme le RIAS Kammerchor, stupéfiant de justesse engagée, impose la grandeur et l’ivresse lyrique d’un choeur tragique grec, qu’il s’agisse des indécents Babyloniens, ou des Perses victorieux.
Opéra sacré, Belshazzar offre des types vocaux et des tempéraments dramatiques passionnants. Le Cyrus du contre-ténor Bejin Mehta fait retentir un timbre claironant riche en humanité; Jacobs cisèle en particulier la relation subtile du Roi de Babylone, Belshazzar (hélas Kenneth Tarver en retrait) et de sa mère, Nitocris, figure vertueuse, qui a la préscience de la fin proche de sa race (superbe Rosemary Joshua, soprano familière des productions du chefs flamand).
Côté scène, Christof Nel, disciple de Peter Stein sait éviter le rélisme souvent encombré des mises en scènes actualisées: dépouillée, synthétique, l’espace dramatique offre à l’imaginaire le soin de recomposer le décor pour chaque tableau, selon les peuples en présences: juifs soumis, Babyloniens arrogants, Perses agressifs.
Georg Friderich Haendel: Belshazzar. Oratorio en anglais, en trois actes, d’après le livret de Charles Jennens. Créé le 27mars 1745 au King’s Theatre de Londres. En direct du Grand Théâtre de Provence, Festival d’Aix en Provence 2008. Belshazzar: Kenneth Tarver. Nitocris: Rosemary Joshua. Cyrus: Bejun Mehta. Daniel Kristina Hammarström. Gobrias Neal Davies. Chœur RIAS Kammerchor. Chef de chœur Tim Brown. Akademie für alte Musik Berlin. Direction musicale: René Jacobs. Mise en scène: Christof Nel. Scénographie: Roland Aeschlimann. Costumes: Bettina Walter. Lumière: Olaf Freese
Nouvelle production du Festival d’Aix-en-Provence. Coproduction Staatsoper unter den Linden Berlin et Innsbrucker Festwochen der AltenMusik
Illustration: portrait de Haendel (DR)