mercredi 23 avril 2025

Opéras en direct sur Arte, depuis Rome et VienneNabucco le 17 mars, Anna Bolena le 5 avril 2011

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Verdi

Nabucco, 1842

Jeudi 17 mars 2011 à 22h15

En direct de l’Opéra de Rome

Pour célébrer les 150 ans de l’unité italienne, Ricardo Muti dirige une nouvelle production de Nabucco, emblématique opéra de Verdi, représenté à l’Opéra de Rome en mars 2011. Le prétexte de l’action antique permet d’exalter la foi patriotique de la nation italienne. Les opéras de Verdi deviennent des manifestes pour la future unité du pays.
L’ouvrage évoque l’épisode biblique de l’esclavage des juifs à Babylone symbolisé par le choeur de la troisième partie, le « Va pensiero » des hébreux auxquels s’identifiait la population milanaise alors sous occupation autrichienne. Les options scéniques et le jeu des acteurs accusent le profil des individus faisant de l’opéra historique et biblique, une fresque saisissante par la psychologie des caractères:
« J’ai fait une proposition idéaliste mais qui n’échappe pas à l’histoire. C’est le choc des personnages qui doit dominer. Pas le contexte biblique. Il n’y aura pas de décorum, le décor sera très abstrait. Je veux échapper à une version littérale de Nabucco. Ce qui est important c’est l’énergie qui est insufflée par Verdi : l’alternance rapide de petites scènes tendues et de grandes masses chorales, un désordre naturel, un opéra pris entre la forme et la vie », déclare le metteur en scène Jean-Paul Scarpitta.

Pas un spectateur qui ne connaisse le thème de « Va piensero », le grand coeur du troisième acte de Nabucco. L’opéra est davantage que ce seul choeur, mais la popularité de ce dernier, donne un formidable pouvoir d’attraction à l’opéra. Tour à tour humble et puissant, à peine murmuré et chant de combat ; c’est un objet musical comme l’art lyrique en compte peu.
Mais s’il joue pleinement son rôle efficace pour hausser encore l’attention du spectateur au milieu de l’oeuvre, « Va pensiero » n’est pas – et de loin – le seul atout de Nabucco.
L’opéra est particulièrement riche en coups de théâtre, la partition est un festival d’idées simples et efficaces, d’une audace et d’une originalité inédites, c’est une explosion d’imagination musicale.
Quant aux personnages, Verdi invente une musique conforme à leur immense envergure. Les trois principaux sont Nabucco, roi de Babylone, Zaccaria grand prêtre de Jérusalem et Abigaille, fille de Nabucco. Quant au choeur, quatrième personnage essentiel, il se manifeste dès avant le fameux « Va piensero ». Il est présent dès le début de l’opéra dans une incroyable scène de panique où l’on annonce que Nabucco assiège Jérusalem et il achève l’ouvrage d’un majestueux « Immenso Jehova ! »

Riccardo Muti grand spécialiste de la fièvre dramatique propre à Verdi apportera t il ce muscle expressif et la noblesse du style dont il est capable? En Nabucco, le toujours vaillant baryton Leo Nucci (sexagénaire) devrait s’affirmer au sommet de la distribution. Il sera entouré de la basse Dmitri Beloselskiy, l’un des solistes du Bolchoï et d’Elisabete Matos, cantatrice portugaise qui ne manque pas de moyens.

Verdi: Nabucco (Milan, 1842)
en direct du Teatro dell’Opera di Roma
Opéra en quatre actes
Musique : Giuseppe Verdi
Livret : Temistocle Solera
Direction musicale : Riccardo Muti
Avec : Leo Nucci (Nabucco), Antonio Poli (Ismaël), Dmitry Beloselskiy (Zaccaria), Elisabete Matos (Abigaille), Ezgi Kutlu (Fenena)
Orchestre et Choeur de l’Opéra de Rome
Chef de choeur : Roberto Gabbiani
Mise en scène : Jean-Paul Scarpitta
Costumes : Maurizio Millenotti
Lumières : Urs Schönebaum
Réalisation : Lorena Sardi (2011-1h50)
Coproduction : ARTE France, Cinétévé, RAI Trade. Soirée présentée par Annette Gerlach

Donizetti

Anna Bolena
, 1830

Mardi 5 avril à 20h15
En direct de l’Opéra de Vienne

En direct de l’opéra de Vienne, Anna Bolena de Gaetano Donizetti s’annonce comme un grand moment lyrique. Anna Netrebko, Elina Garança, Elisabeth Kulman et Ildebrando d’Arcangelo sont les interprètes prometteurs de ce chef d’œuvre du belcanto. La mise en scène est signée Eric Génovèse, Evelino Pidò est au pupitre.

Il n’a fallu qu’un mois à Gaetano Donizetti pour composer Anna Bolena d’après un livret de Felice Romani alors qu’il séjournait dans la villa de la célèbre chanteuse Giuditta Pasta. Pour la création de l’œuvre à Milan en 1830, Giuditta Pasta assure le rôle-titre. Un succès triomphal place d’emblée Donizetti aux côtés de Vincenzo Bellini parmi les plus importants compositeurs d’opéras italiens. L’œuvre conquiert rapidement les scènes du monde entier. A peine trois ans après sa création, Anna Bolena fait ses débuts dans l’univers germanophone à Vienne – pour autant l’œuvre n’avait encore jamais été montée au Staatsoper de Vienne. Sa richesse mélodique et une dramaturgie musicale aboutie en font, le favori des grands interprètes.
La subtilité du bel canto requis n’empêche pas l’engagement expressif de tous les chanteurs.

Anna Bolena créé en 1830 à la Scala, est le premier grand succès de Donizetti,
auteur de plusieurs ouvrages mais qui était encore resté dans l’ombre
du grand Rossini. C’est aussi le premier ouvrage lyrique de Donizetti
découvert par les parisiens au Théâtre Italien en 1831. Opéra seria,
héroïque et tragique, aristocratique et conflictuel, en deux actes, Anna
Bolena dévoile l’écriture spécifique du bel canto donizettien: chant
exacerbé mais hautement articulé, intense et pleinement incarné; son
réalisme annonce évidemment le vérisme à la fin du siècle. Donizetti
réussit ce drame musical et théâtral grâce à la première collaboration
avec le poète Felice Romani, habituel librettiste de Bellini à la même
période. Romani écrira ensuite pour Donizetti, L’Elixir d’amore et
Lucrecia Borgia. Oublié début XXè, l’oeuvre est retrouvée par Callas
dans la scénographie de… Visconti.
A la création, La Pasta incarne le chant radical et
grave de la belle Boleyn; toute les divas ont souhaité offrir sang et
fureur à un personnage passionné, amoureux, fier et digne, dont le
supplice est un aboutissement assumé. Donizetti et Felice marque cette
course à l’abîme en quelques passages clés: le fameux air de Percy (Vivi tu, te ne scongiuro: à l’origine créé par l’immense Rubini), la confrontation des deux femmes (Anna et Giovanna), enfin la dernière scène au supplice avant la décollation: Al dolce guidami, modèle de l’air noble et tragique. En lire +

La mise en scène est signée Eric Génovèse, sociétaire de la Comédie Francaise. Connu pour ses prestations d’acteur et de récitant, il est aussi metteur en scène depuis 2001, et a monté sa première pièce, Les Juives, au Théâtre du Marais. Rigoletto à l’Opéra National de Bordeaux a marqué ses débuts à l’opéra.

Le chef d’orchestre Evelino Pidò a entre autres suivi les cours de la Musikhochschule de Vienne. Lors de l’ouverture du Festival des trois mondes à Melbourne, il a dirigé Madame Butterfly…

Anna Netrebko et Elina Garança composent un duo prometteur dans le rôles des deux femmes opposées.

Réalisateur : Brian Large. Coproduction : ORF, ARTE, Unitel Classica (2011)

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