saison 2010-2011
Schumann
Concerto pour violon
Symphonie n°2
Mendelssohn
Symphonie Ecossaise
En avril 2011, du 9 au 14 avril, de Bruges à Vicenza, sans omettre deux étapes françaises les 11 à Paris (TCE) et 12 au TAP de Poitiers, l’Orchestre des Champs Elysées dirigé par son fondateur Philippe Herreweghe explore comme un questionnement jamais résolu ce romantisme palpitant et irrésistible de deux symphonistes germaniques parmi les plus novateurs et originaux du XIXè: Mendelssohn (Symphonie Ecossaise) et Schumann (Symphonie n°2), l’une ou l’autre selon les étapes, couplée avec une rareté, souvent écartée pour cause d’inégalité dans l’inspiration, le Concerto pour violon en ré mineur de Schumann (Soliste : Thomas Zehetmair, violon).
Souvenirs d’Ecosse pour Victoria
En France, à Paris puis Poitiers, Philippe Herrewghe a choisi l’Ecossaise, de Mendelssohn, sublime jubilation symphonique qui tout en associant un architecture rigoureuse sait aussi déployer une souplesse mélodique saisissante, servie par une orchestration subtile et lumineuse. Esquissée lors d’un voyage en Ecosse (d’où son nom) en 1829, la partition que nous connaissons n’est achevée que plus de dix années plus tard, en 1842; créée à Leipzig en mars puis, triomphalement à Londres en juin… De fait, la jeune reine Victoria souhaita saluer et féliciter le compositeur en personne, qui lui rendit le compliment en dédiant à la souveraine sa Symphonie inspirée par les brumes enivrantes écossaises, véritable motif romantique, saisi sur le vif… Sonorités des cornemuses (air dansant du « pibroch » du vivace, transposé à la clarinette), images persistantes des highlands et de leurs légendes, si justement peintes par Scott et Macpherson.
La sensibilité du compositeur est picturale, en cela très proche de son sujet de plein air, véritable paysagiste, Mendelssohn alors âgé de 33 ans (né en 1809) et déjà à la fin de sa trop courte carrière (il meurt 5 ans plus tard en 1847), suscite dans cette symphonie impressionniste avant l’heure, l’admiration de… Wagner (« un paysagiste de premier plan »)! Le filtre de la subjectivité et l’oeuvre de mémoire opèrent aussi une conversion onirique et finalement nostalgique des paysages visités et recomposés après coup. Les 4 mouvements sont enchaînés sans césure, comme un flot continu, organique. Introduction et allegro, Vivace, adagio (intense et sombre , au sentiment de plénitude et d’une riche conscience déjà pré-brahmsien), allegro et finale (au triomphalisme un peu redondant dans lequel d’aucun ont cru reconnaître une allusion au récent couronnement de la reine Victoria)… Mendelssohn évoque aussi les confins allusifs d’Ecosse dans l’ouverture Les Hébrides, conçue et achevée à la même période.
Le Concerto pour violon de Schumann
Saisi par le jeu renversant et intérieur du soliste Joszef Joachim, futur grand ami de Brahms, en particulier dans le Concerto de Beethoven en 1853, Schumann lui dédie son propre Concerto en ré mineur la même année (complété par une Fantaisie en ut majeur, opus 131): l’écriture a été dite contrainte et formelle voire complaisante, jouant surtout sur la vélocité, le brio (effets d’arpège, sons brillants ou vibrants de l’instrument), à l’inspiration limitée (comme dans le finale), la répétition jusqu’à 5 fois du même motif!… Réservé à la Bibliothèque de Berlin, la manuscrit ne fut édité qu’en 1938.
Symphonie n°2 de Robert Schumann
La Symphonie n°2 est composée en 1845, après le concerto pour piano, et créée en 1846. C’est de l’aveu même de l’auteur la résistance de l’esprit contre cet état dépressif qui le ronge peu à peu. Conscient de la ruine psychique qui le menace, Schumann dépose dans cette oeuvre fortement autobiographique, l’ensemble de ses forces afin de combattre le mal silencieux qui le guette. Toute l’oeuvre est ainsi structurée en seul bloc (tous les mouvements sont joués sans discontinuité), préparant au finale d’une fièvre triomphale qui prolonge la vitalité beethovénienne. Porteur d’unité interne, l’ut majeur domine dans les mouvements 1,2,4. Schumann développe aussi un travail spécifique dans la fusion des parties, sur l’enchaînement des thèmes… Singularité remarquable: la présence de deux trios enchaînés dans le Scherzo: le premier léger et dansant; le second, d’une fluidité chambriste dans l’esprit de Mendelssohn.
L’Adagio met en lumière le talent d’un Schumann éminent orchestrateur, subtil orfèvre des couleurs, et maître de l’instrumentation. L’architecture du dernier mouvement mêle savamment les contrastes de rythmes (binaire et ternaire associés, alternés). C’est évidemment l’expression triomphante d’un homme qui veut croire en son destin, exaltant une fougue régénérée et une victoire beethovénienne: « je me suis senti renaître » écrit Schumann après l’écriture du finale. Quoi de plus émouvant et profondément humain que cette indéfectible volonté pour vaincre son malheur?
ROBERT SCHUMANN
Concerto pour violon en ré mineur
Symphonie n.2 [1]
FELIX MENDELSSOHN
Symphonie n.3 « Ecossaise » [2]
Thomas Zehetmair, violon
Orchestre des Champs-Elysées
Philippe Herreweghe, direction
9 avril 2011 à 20h
Bruges (B)
Concertgebouw [1]
Rés.: +32 50 47 69 99
11 avril à 20h
Paris
Théâtre des Champs-Élysées [2]
Rés.: 01 42 56 13 13
12 avril à 20h30
Poitiers
TAP [2]
Rés.: 05 49 39 29 29
13 avril à 20h30
Varese (IT)
Basilica di San Vittore [1]
14 avril à 20h30
Vicenza (IT)
Teatro Communale [1]