Orchestre
des Pays de Savoie.
Graziella Contratto,
direction
Concert Pergolèse/Tüür.
Du 17 avril au 29 juin 2007
Tournée
Meythet (74) le mardi 17 avril 2007
Lyon, Chapelle de la Trinité (69), le jeudi 19 avril 2007 à 20h30
Thonon (74), le mardi 24 avril 2007
Sallanches, le vendredi 27 avril 2007
Montbrison (42) le 28 juin 2007
La Bénisson-Dieu (42), le 29 juin 2007
Giovanni-Battista Pergolesi (1710-1736) :
Stabat Mater, Missa Romana
Erkki-Sven Tüür (né en 1959):
Action, passion, illusion
En un haut-lieu du baroque bien tempéré
Au cœur de la presqu’île lyonnaise, la Chapelle classico-baroque de la Trinité est devenue le haut lieu des concerts de musique ancienne : « Concerts de la Chapelle »,selon une programmation à l’année, Festival de décembre. Sa ligne très pure au milieu de courbes plus « baroques », ses tribunes qui surplombent la nef et où l’on peut placer des spectateurs mais aussi des instrumentistes ou des chanteurs, sa décoration picturale ou sculpturale relativement retenue en font un espace qui a longtemps manqué à Lyon, et qui peut se permettre d’accueillir aussi des programmes contemporains, sonnant parfaitement dans un milieu stéréophonique. D’autres lieux de Rhône-Alpes en Haute-Savoie et en Loire sont également visités par ce concert, selon la mission régionale que remplit l’Orchestre basé à Chambéry.
L’opéra sacré de Pergolèse
Au milieu avril, c’est un dispositif doublement « mixte » qui est en place : orchestre (des Pays de Savoie, dirigé par son chef titulaire, Graziella Contratto) et chœur (Maîtrise de la Loire, conduite par Jacques Berthelon), œuvres du baroque et partition contemporaine. Côté XVIIIe, il s’agit d’un des musiciens les plus connus et aimés de cette époque : Giovanni Battista Pergolèse porte avec sa mémoire douloureuse l’injustice d’une mort terriblement précoce, à 26 ans. Mais nous n’admirons pas forcément les mêmes œuvres que naguère, sans d’ailleurs oublier que de son vivant le compositeur ne fut pas constamment célèbre en son Italie natale. A l’opéra, c’est sa Serva Padrona (la Servante Maîtresse) qui surclassa ses autres écritures lyriques, et servit après sa mort de totem pour la Querelle artistique franco-française dite des Bouffons. Mais en temps de baroquisme redevenu dominant, c’est la part religieuse de l’œuvre qui est au premier plan, et surtout le Stabat Mater probablement composé en 1736, l’année où le si jeune Pergolèse alla se réfugier au monastère de Pozzuoli pour attendre la mort, qui impose le génie nous semblant indiscutable. Ce qui n’exclut pas la comparaison avec les autres Stabat de l’époque : Leo, Durante, et surtout A.Scarlatti ou Vivaldi. Le palmarès rétrospectif serait absurde : chacun avait son « regard sur Jésus » pleuré par sa Mère. Et le reproche fait par certains contemporains de Pergolèse vise d’ailleurs plutôt ce que nous ne tenons plus pour une confusion des genres : trop de pathétisme, trop d’opéra, nous ne le ressentirions plus ainsi. En tout cas, un sentiment noblement exprimé, une sincérité directe, une émotion constante, même si elle emprunte aux « artifices » du théâtre sacré. Et si on cherche une relation picturale italienne antérieure, plutôt Tintoret que Véronèse… Une autre partition religieuse de Pergolèse nous permettra d’ailleurs d’enrichir la connaissance, une Missa Romana bien moins connue, peut-être moins napolitaine et un rien plus austère, où les chœurs polyphoniques très présents ajoutent à la solennité de la liturgie. Aux utiles propos d’avant-concert dont Graziella Contratto a instauré la coutume pour ses concerts de mettre en place style et sentiment. La directrice musicale et si musicienne directrice de l’O.P.S. présentera aussi la partition contemporaine qui figure au programme…
Un Estonien entre grégorien et rock progressif
Car qui en France peut se vanter de parcourir en familier l’œuvre de Errki-Sven Tüür, un Estonien de 47 ans qui comme nombre de ses artistes compatriotes des pays baltes pratique un mélange des écritures caractéristique de la fin des orthodoxies communistes et de l’un-peu-tout ultérieur ? E.S.Tüür a d’ailleurs commencé son parcours en étant « rocker (progressif)de chambre », avant de se soumettre aux disciplines plus traditionnelles de la composition dans les Conservatoires. Son œuvre est abondante, ne néglige pas le théâtre et le cinéma tout en honorant la musique d’inspiration spirituelle (oratorio, messes, un Requiem…) Son tryptique – Action, passion, illusion- semble trouver sa place dans le post-modernisme balte, comme l’explique un commentateur : « Cette musique sonne comme si elle s’était promenée à travers toute l’histoire de la musique et y avait trouvé des inspirations théoriques tout en se laissant « contaminer » par la pratique. Puis elle s’est enfermée dans un cocon, elle s’est immunisée. Elle développe enfin ses propres formes. Les réfractions constituent autant d’indices… » . Nouvel éloge de la stylistique « melting pot » (le mélange des origines dans l’Amérique moderne) qui se symbolise par l’expression internationalement très prisée en la personne d’Arvo Pärt ? On peut penser qu’au-delà du mixage néo-médiéval-mystico-minimaliste (en ajoutant ici culture rock), un langage véritablement personnel émerge. Et que cette « promenade en histoire de la musique européenne »,commencée en baroquie émotionnelle, nous amène devant un beau triptyque aux résonances spiritualistes.
Approfondir
Orchestre des Pays de Savoie, tél.: 04 79 33 42 71 et www.savoie-culture/ops
Concerts de la Chapelle, tél.: 04 78 38 09 09 et www.lachapelle-lyon.org
Crédit photographique
Graziella Contratto © U. Salgado
Giovanni Battista Pergolesi (DR)