Orchestre
des Pays de Savoie
Saison 2008 – 2009
Les 4 saisons
Antonio Vivaldi
Astor Piazzolla
Lavard Skou Larsen, direction
Jeudi 11 décembre 2008 à 20h30
Bonneville (74), Agora
Dimanche 14 décembre 2008 à 17h
Cognin (73), La Forgerie
Jeudi 18 décembre 2008 à 20h45
Bergerac (24), Centre culturel
Vendredi 19 décembre 2008 à 20h
Béziers, Théâtre Municipal
Vivaldi/Piazzolla: oser les parallèles
Parallèle décoiffant s’il en est: l’Orchestre des Pays de Savoie, en sa dernière saison musicale 2008 – 2009 sous la direction inspiratrice de Graziella Contratto « ose » accorder en un dialogue palpitant les Saisons du vénitien baroque Vivaldi, et celles du dieu du bandonéon, Astor Piazzolla.
Un trait les rapproche indiscutablement, la liberté virtuose et participative de chaque instrumentiste… Ainsi, sous la baguette du violoniste (élève de Ernst Moravec à Vienne) et chef invité Lavard Skou Larsen (né à Porto Alegre, Brésil), fondateur en 1991 des Salzburg chamber Soloists, qui a aussi dirigé l’Orchestre de Chambre de l’Union Européenne (de 1996 à 2002), les deux compositeurs pourront déployer leur sens inimitable de la couleur et du rythme. Quatre dates incontournables, les 11, 14, 18, et 19 décembre 2008.
Saisons bruyantes et naturelles
Les Quatre Saisons vivaldiennes sont l’oeuvre la plus jouée du répertoire baroque à juste titre. La partition connue à présent par deux manuscrits (la version imprimée en 1725 par Le Cène, le manuscrit de Manchester) fut probablement créée à Mantoue au début des années 1720, par un groupe de solistes chevronnés qui au demeurant devaient aimer jouer ensemble. L’écriture fantasiosa de Vivaldi s’y exprime entre autres dans la liberté rythmique incessante, un naturel, une imagination débordante, ennemis de la fadeur et du juste équilibre.
Descriptif, Vivaldi qui avait coutume d’imiter avec son violon bon nombre de sons, animaux et autres instruments (cornemuse, trompette…), semble s’être livré à un plaisir jubilatoire en concevant le programme de ses 4 saisons.
En outre le Vénitien, alors Maestro di Cappella di camera à la cour de Mantoue paraît avoir délaissé l’urbanité de Venise pour une ruralité plus proche de la poésie des climats sur la Nature… Mais peut-être que le dédicataire du recueil (Il cimento dell’Armonia e dell’Invenzione, 1725) dans lequel sont contenus les Concertos, le Graf von Morzin, qui possédait dans sa résidence de Prague, toute une collection de sculptures sur le thème des Quatre Saisons (à la mode de Versailles et de ses jardins), ait inspiré ou soufflé au compositeur courtisan, une thématique qui lui était chère…
Sur le plan stylistique, dans un préface argumentée, Vivaldi échafaude un courant de sensibilité qui cite le style « bruyant » du siècle précédent, n’hésitant pas à associer à un « effet » instrumental, une image sonore frappante (bruissement d’une feuille pour flottando, hoquet pour marcato, frison pour trillo, reniflement pour glissando…). Ces « bruits heurtent la sensibilité de Quantz ou Geminiani. Or le recueil dont les Quatre Saisons sont l’une des composantes, devient un must que chacun dans toute l’Europe, s’arrache pour en déchiffrer l’enivrante richesse, d’autant que sur le plan du jeu instrumental, Vivaldi innove aussi: son oeuvre égale les Sonates de Corelli.
Illustrations: Lavard Skou-Larsen (DR), Antonio Vivaldi (DR)