Jun Markl, direction
Antoine Tamestit, alto
Samedi 23 octobre 2010 à 18h
Lyon, Auditorium
Berlioz, Debussy, Ravel.
Antoine Tamestit, alto
O.N.L., dir. Jun Märkl.
Qu’est-ce donc, Harold en Italie ? Un poème symphonique de Berlioz ? Une Symphonie avec alto principal ? Un des rares concertos pour alto du répertoire ? Une confession d’Hector déguisé en Harold ? Un peu tout cela, et c’est cet auto-portrait que proposent le jeune altiste Antoine Tamestit et Jun Märkl dirigeant son O.N.L.La musique française ultérieure est aussi en regard, puisque « l’eau et les rêves » content avec Debussy La Mer et avec Ravel Une barque sur l’océan.
Le sorcier à genoux
Paganini-Berlioz, en deux temps. 1er : le sorcier italien du violon assiste à la Fantastique, s’enthousiasme au point de se mettre à genoux devant Hector et de lui embrasser la main. Et lui fera parvenir une somme très importante qui aidera la survie financière du compositeur. 2e : le diabolique guitariste italien (oui, il l’était aussi, tout comme d’ailleurs Hector…qui , lui, n’était instrumentiste qu’en ce domaine, la perfection n’est pas de ce monde), capable de jouer de l’alto en virtuose commande à Hector une partition du genre concerto. Mais la Fantaisie sur « Les derniers instants de Marie Stuart » ( !) change bientôt d’inspiration anglaise et se fixe sur un best seller récent, Childe Harold, de Byron. Niccolo juge bien vite que cet « alto principal » ne le mettrait pas assez en valeur et abandonne la partie.
Childe Harold c’est moi

Sentir que nous existons
Cet
« Enfant Harold », souvent cité mais maintenant bien délaissé en
France, est poème de 4500 vers en 4 chants, écrit par étapes de 1812 à
1816. Cela commence par un masque pseudo-médiéval posé sur le visage d’Harold et se continue en ôtant le masque pour révéler le jeune Lord John, à la vie amoureuse compl
exe – et objet de scandales, dans sa nature et ses modalités -. Byron est aussi en dérive d’errance idéologique – moins que son ami Shelley, celui-là vraiment révolutionnaire- , mais tout de même Lord en rupture de conservatisme voire de monarchie : en 1824, il mourra aux marais de Missolonghi en aidant les Grecs révoltés -, 8 ans après avoir quitté pour toujours son Angleterre pour une épopée de wanderer en Suisse et en Italie avant même la Grèce… Personnage fascinant, qui pouvait dire en 1813 : « Le principal objet de la vie, c’est la sensation, c’est sentir que nous existons, même dans la douleur. C’est ce rôle dévorant qui nous conduit à jouer, combattre, voyager et boire. » Puis passer à l’acte – bien « mieux » que Berlioz et son théâtre, dont nous dirions aujourd’hui qu’il « fait volontiers son cinéma » -, et allant jusqu’à écrire dans le Chant IV : « Mais j’ai vécu et je n’ai pas vécu en vain. Mon esprit peut perdre sa force et mon être périr dans la douleur victorieuse. Il y a au dessus de moi quelque chose qui lassera la Torture et le Temps, et qui parlera quand j’expirerai. »
« Enfant Harold », souvent cité mais maintenant bien délaissé en
France, est poème de 4500 vers en 4 chants, écrit par étapes de 1812 à
1816. Cela commence par un masque pseudo-médiéval posé sur le visage d’Harold et se continue en ôtant le masque pour révéler le jeune Lord John, à la vie amoureuse compl

Harold-alto-et-Tamestit

A Lyon, c’est Antoine Tamestit – plusieurs fois depuis 2006 hôte de l’O.N.L. – qui sera l’Harold byronien-berliozien. A 31 ans, ce brillant élève de Jean Sulem, Jesse Levine, puis de Tabea Zimmermann –son enseignante qui est devenue partenaire d’œuvres en création, par exemple le Concerto de Bruno Mantovani -, joue en musique de chambre avec « les Jeune France » (comme on le disait pendant les Restaurations du XIXe pour désigner les romantiques en colère contre les barbons classiques), tels J.G.Queyras, F.Braley, N.Angelich ou les frères Capuçon, le Quatuor Ebène, ou leurs amis d’Outre-Rhin et Rhône,le Quatuor Hagen,I.Faust, P.Meyer, et C.Poltéra qui avec lui et F.P.Zimmermann forme désormais trio (qu’on entendra le 28 janvier 2011 pour les Grands Interprètes dans le Divertimento K.563 de Mozart, leur partition-fétiche…). Tout comme avec le pianiste allemand Markus Hadulla et la chanteuse Sandrine Piau, pour une originale opération de transcription instrumentale des partitions schubertiennes (NAIVE), ou en son 1er c.d., (AMBROISIE), « Chaconne « (de Bach, « forcément sublime » à Ligeti…), A.Tamestit, comme bien des jeunes interprètes, cherche et trouve des formulations dans le domaine du répertoire – Berlioz, donc, la Concertante K.364 de Mozart, le concerto de Bartok – comme dans celui du contemporain (Schnittke, Benjamin, Olga Neuwirth). Et déjà ce récent trentenaire transmet son savoir, puisqu’il enseigne à la Hochschule de Cologne…
Un chef romantique pour le modernisme français


Tournée Allemagne & Belgique : mardi 19, 20h, Leipzig, Gewandhaus ; mercredi 20, Leverkusen, Forum; jeudi 21, 20h, Francfort, Hessischer Rundfunk. Belgique : vendredi 22, 20h,Anvers, de Singel. Information et réservation : T. 04 78 95 95 95 ; www.auditorium-lyon.com
Illustrations: Antoine Tamestit, Jun Markl (DR)