Orchestre Philharmonique de Nice
Marco Guidarini
, direction
Nouvelle saison 2007/2008.
Les 60 ans de l’Orchestre philharmonique de Nice
Opéra de Nice
Vendredi 12 octobre à 20h00
Samedi 13 octobre à 16h00
Jules Massenet: Scènes alsaciennes
Maurice Ravel: Concerto en sol pour piano
Hector Berlioz: Symphonie fantastique, op.14
Alain Planès, piano
Pour leurs premiers concerts de la rentrée 2007, l’Orchestre Philharmonique de Nice et son directeur musical, Marco Guidarini, jouent dans un programme de musique française, une partition rare de Massenet, Scènes Alsaciennes qui fait partie également du programme de leur nouveau disque « Paysages », à paraître sous le label Talents records. La nouvelle saison s’annonce riche et prometteuse: la phalange niçoise fête en effet ses 60 ans. A cette occasion, Marco Guidarini nous présente les axes de la nouvelle saison 2007/2008.Le concert sera repris à Nuremberg le vendredi 19 octobre au Théâtre National de Nuremberg. Prochaine critique de l’album « Paysages » dans notre mag cd
Symphonie Opium
Selon les indications les plus tardives de l’auteur, le sujet
plonge dans la pensée d’un jeune héros romantique, certainement Berlioz lui-même.
L’oeuvre peut se lire comme une autobiographie, principe à l’honneur
chez les créateurs romantiques qui prennent pour sujet de leur oeuvre,
les propres états de conscience ou ici, d’inconscience. C’est
d’ailleurs, entre le rêve et la réalité, l’ivresse attendrie et le
cauchemar insoutenable et terrible que balance l’action de cette
symphonie dont les épisodes sont scrupuleusement identifiés.
Sous
l’emprise de l’opium, un jeune artiste est la proie de visions
personnelles qui sont les mouvements de la symphonie. Le fil conducteur
en est la figure de la femme aimée, inaccessible et lointaine, plus
fantasmatique et rêvée qu’approchée. Une « idée fixe » qui revient de
manière cyclique et finit par donner la matière continue de l’œuvre.
Déjà abordée dans sa cantate Herminie (composition pour le Prix de Rome, 1828), le principe de l’idée fixe, ou leitmotiv régulièrement repris dans la matière musicale, est ici pleinement développée.
La valse du deuxième mouvement permet à Berlioz de recourir à deux harpes, instruments chéris dans son jardin instrumental. La part du rêve, et même un rêve éclatant, se dissipe au troisième mouvement,
où dans un renversement dramatique, d’essence purement romantique,
c’est le cauchemar et même la tragédie grinçante qui mène le bal. Le
thème moteur est une repise du Gratias, emprunté à sa Messe Solennelle, créée en 1825 à saint-Roch et dont le manuscrit a été redécouvert en 1991.
La ranz des vaches y est un hommage explicite à la Symphonie pastorale de Beethoven, compositeur révélé en 1828 et qui a inspiré au jeune musicien français, son orientation symphonique.
Le quatrième mouvement est lui aussi le réemploi d’un matériau ancien. Berlioz y recycle une marche des gardes conçue pour son opéra de jeunesse les Francs Juges
(H23), composé en 1826 puis révisé en 1829. Associé au thème de l’idée
fixe, il s’agit d’évoquer au comble du cauchemar, la marche du jeune
artiste à l’échafaud car il a tué la femme aimée. Couperet sec de la
guillotine, arrêt de la mélodie, déflagration subite qui succède. Ici,
la pensée romantique de l’être désirée s’est fait cérémonial macabre.
Une mise à mort autoproduite.
Dans son cinquième et dernier mouvement, Berlioz repousse les horizons connus dans l’espace symphonique. Il semble se souvenir de la Gorge au loup qui conclue l’acte II du Freischütz de
Weber. Presque déjà malhérien, Berlioz utilise l’âpreté de son
orchestre pour exprimer le mordant de l’amertume, il s’auto-cite et
même se parodie.
Course à l’abîme, la musique prend diverses formes de folie, de délire, d’autodestruction : « Dies irae », cloches lugubres et profondes de la « Ronde du Sabbat », enfin chute infernale qui dévoile le désordre d’une âme possédée par ses propres angoisses
Crédit photographique
Marco Guidarini (DR)