lundi 21 avril 2025

Orchestre Philharmonique de Nice, les 9 et 10 février 2007Concert Beethoven et Richard Strauss, à l’opéra de Nice

A lire aussi

Orchestre
Philharmonique de Nice


Nice, Opéra
Le 9 février 2007 à 20h
Le 10 février 2007 à 16h

Beethoven: Concerto pour violon en ré majeur op.61
Richard Strauss: Ein Heldenleben (Une vie de héros)
Isabelle Faust, violon
Orchestre Philharmonique de Nice
Marco Guidarini
, direction

Beethoven: le concerto du destin

Le Concerto pour violon opus 61 de Beethoven (1806) ouvre la voie royale des grands concertos romantiques dont ceux qui lui succèdent, de Mendelssohn (1844) ou de Tchaïkovsky (1878).
Beethoven a composé son œuvre en quelques jours pendant les mois de novembre et décembre 1806 pour Franz Clement, Konzertmeister du Théâtre an der Wien qui d’après les témoignages, recevant une partition à quelques minutes de la première, la joua a vista, sur le vif !
Déconcertante et même sifflée, l’œuvre ne convainc pas lors de sa première viennoise : on l’a trouve décousue et ennuyeuse. C’est Joseph Joachim (prodige âgé de 12 ans) qui sous la direction de Mendelssohn, à Londres, en mai 1844, impose les mérites de la partition. Brahms s’en souvint pour son propre concerto, opus 77 (1878). Et plus proche de nous, le jeune Yehudi Menuhin lui offrit plusieurs interprétations célèbres, lui réservant même une place d’honneur dans ses écrits.
L’œuvre appartient à une période active : Beethoven compose alors la dernière version de Fidelio, L’Eroica, le triple concerto, le Quatrième concerto pour piano, les trois Quatuors « Rasoumovsky » opus 59, mais aussi ses Quatrième et Cinquième symphonies.
Beethoven réfléchit depuis longtemps à un vaste concerto où le jeu dialogué du rapport orchestre/soliste, renouvelle la partie lyrique et mélodique de l’instrument solo. Dès le début, les sauts d’octave qui introduisent le violon, sont d’une redoutable difficulté.

Strauss: l’oeuvre d’un héros

Dès 1896, Strauss est à l’œuvre, dans la conception de sa grande symphonie autobiographique qui devait être pleinement aboutie en décembre 1898.
Deux mois après sa nomination comme Maître de chapelle à Berlin, à la Cour de l’Empereur Guillaume II, il concluait presque ainsi son cycle de partitions symphoniques, magistralement inauguré avec Don Quichotte, opus 35. Sa dernière œuvre comparable, sans le concours de la voix, la Sinfonia Domestica (1904) allait marquer la fin de la veine purement instrumentale de Strauss, avant l’avènement des opéras. Mais n’oublions pas non plus, en 1915, un nouveau massif éblouissant : La Symphonie Alpestre.
La partition d’Une vie de héros n’est pas que narrative. C’est un cycle qui montre les facettes d’un génie orchestrateur, directeur puissant et lyrique de la matière symphonique, et qui, avant les opéras à venir, donne la mesure d’un compositeur maître de la recherche musicale la plus audacieuse et la plus expérimentale. Musique descriptive, donc à programme, et sur ce point, le manuscrit suit explicitement des sujets parfaitement précis, mais aussi musique pure et visionnaire.
Dans ce développement personnel en 6 parties, le créateur célébré et reconnu, qui a encore beaucoup de choses à dire, vise les hauteurs de l’autoproclamation mais aussi souhaite régler ses comptes, en particulier avec les « petits », critiques et jaloux, qui s’entendent depuis toujours, à lui contester sa suprématie artistique.
En héros, conscient de sa valeur, qui a été applaudi et même adulé avec Don Juan, Macbeth, Till Eulenspiegel et Zarathustra, Strauss voit large. L’opus 40, comprend 60 cordes, cinq trompettes, et aussi, entre autres, un dispositif de percussions ahurissant, qui annonce les couleurs et le spectre sonore de son opéra, composé pendant la Première Guerre, La femme sans ombre.

Grandeur narcissique, anecdotes conjugales
Contemporain de Gustav Mahler et de ses tentatives symphoniques, en particulier de la création de la Deuxième Symphonie dite « Résurrection », Strauss dirige lui-même la création de son opus, le 3 mars 1899 à Francfort-sur-le-Main. Les six parties identifiées par l’auteur sont des indications pour l’auditeur. Il ne s’agit en rien d’un programme strict. La musique raconte bien d’autres choses qui dépassent cette simple ossature explicative. C’est pourquoi on aurait tort de s’y conformer à la lettre. L’idée centrale est celle d’une lutte, le combat du musicien contre ses détracteurs.
Depuis ses premiers affrontements, contre les incultes et les critiques jaloux de son art, l’artiste trouve auprès de la compagne idéale, la femme éternelle, constante consolatrice de ses angoisses et de ses peines, un réconfort permanent. Quoique le compositeur ne dissimule rien non plus les irrégularités d’humeur de son épouse, parfois inconstante voire capricieuse. Entre intimité attendrissante et réaliste, et thème de la curie féroce, la partition mêle sarcasmes expressifs et lyrisme passionné en rapport avec sa propre expérience conjugale.
Contrapuntiste, mélodiste, coloriste aussi, Strauss repousse les règles, les limites du cadre de la sonate, expérimente, réinvente en quelque sorte le langage musical.
Dans cette peinture égotiste, Strauss ce cite lui-même, affirmant une sorte de rétrospective autographe qui entend rappeler le cheminement de son travail, les étapes de ses avancées… vers la grandeur : citations de son opéra de jeunesse Guntram, et de ses partitions instrumentales, Zarathustra, Macbeth, Mort et transfiguration : autant d’éléments au dossier du créateur infatigable, admirable par son orgueil assumé, mais pourtant pris à partie.
Contre l’avis de son ami Romain Rolland, qui lui trouvait une impudeur violente, parfois « écoeurante », la symphonie « Une vie de héros » reste aujourd’hui, un morceau de bravoure qui défie et éprouve les plus grands orchestres.

Plan de l’oeuvre

Ein Heldenleben (Une vie de héros), poème symphonique, op. 40
I Der Held (Le héros)
II Des Helden Widersacher (Les adversaires du héros)
III Des Helden Gefährtin (La compagne du héros)
IV Des Helden Walstatt (Les champs de bataille du héros)
V Des Helden Friedenswerke (Les œuvres de paix du héros)
VI Des Helden Weltflucht und Vollendung (La retraite et la fuite du héros du monde et son accomplissement final)

Crédits photographiques
Isabelle Faust (DR)
Marco Guidarini (DR)
Richard Strauss (DR)

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