Orchestre Symphonique Région Centre-Tours
Saison 2007 – 2008
Richard Wagner,
Les Maîtres chanteurs: Prélude de l’acte III, Monologue de Hans Sachs
La Walkyrie: Chevauchée, Adieux de Wotan
Claude Debussy,
La Mer, trois poèmes symphoniques
Samedi 26 avril 2008 à 20h
Dimanche 27 avril 2008 à 17h
Tours, Grand Théâtre
Jean-Philippe Lafont, baryton
Orchestre Symphonique Région Centre Tours
Jean-Yves Ossonce, direction
Philosophie et renoncement
Il faut bien toute la conviction et l’autorité vocale du baryton de Jean-Philippe Lafont, digne héritier d’un José Van Dam, pour relever le défi dramatique qui se présente à l’interprète face aux deux rôles si complexes de Hans Sachs et de Wotan. Deux figures « paternelles », qui savent éblouir par un sens singulier de l’effusion tendre. Si Sachs, maître chanteur et cordonnier loue le mérite et la loyauté, Wotan doit se plier aux pressions politiques des alliances qu’il a scellées, en particulier pour honorer la vertu des lois qu’il a lui-même édictées, le père doit ici renoncer à sa fille préférée, Brünnhilde, la fière walkyrie couvée sous son sein divin dont la liberté et l’esprit de compassion pour le couple Siegmund/Sieglinde, sont la cause de sa déchéance. De sainte guerrière, la preuse audacieuse finira mortelle, vouée au premier homme qui croise sa route… mais offerte au plus courageux capable de fendre le rideau de flammes qui protège la chaste fille d’un dieux.
Du vent et de la mer
En complément à ces deux scènes wagnériennes, Jean-Yves Ossonce ajoute l’une des plus belles pages orchestrales françaises: La Mer de Claude Debussy. Véritable symphonie maritime, composée juste après Pelléas (1903), hommage implicite au Parsifal de Wagner,(en particulier dans les musiques d’intermèdes pour les changements de scènes), la partition océane, construite en trois poèmes symphoniques, est achevée à Dieppe, en mars 1905. Si l’accueil de la première est plutôt très mitigé, la reprise de l’oeuvre, sous l’autorité pourtant assez molle du l’auteur (Debussy était piètre chef d’orchestre), emporte l’enthousiasme du public, le 19 janvier 1908. Dans l’oeuvre du compositeur, il est juste de tenir La Mer, comme la seule Symphonie de son riche catalogue. Il convient donc de souligner l’évidente architecture, voire le déploiement strict et robuste de l’oeuvre dont beaucoup de chefs aiment à tort, estomper les contours, esthétique impressionniste oblige: le déroulement obéit à une suite de tableaux pourtant parfaitement précisé par l’auteur lui-même. De l’aube à midi sur la mer ( à l’origine le titre originel était « Mer belle aux Îles Sanguinaires« ) décrit les nuances atmosphériques observées à la surface de la mer, dans une lumière progressive. Jeux de vagues offre un exemple exceptionnel du génie de la fragmentation et de la diluation propre à l’auteur, une ivresse sonore, fluide, emportée qui ira à ses limites ultimes avec Jeux. Dialogue du vent et de la mer met en scène la sauvagerie de deux éléments qui s’affrontent sans ménagement: violence du vent, houle océane. C’est un dialogue impétueux qui évoquerait même un naufrage! Debussy y fait chanter le vent avec un subtilité orchestrale époustouflante. Le coup de timbale final semble sceller le déploiement des forces en faveur du vent!
Illustration: Claude Debussy (DR)