Orchestre Symphonique
Région Centre-Tours
Jean-Yves Ossonce, direction
saison 2012-2013
Johannes Brahms
Symphonies n°2 et n°3 (1877, 1883)
Jean-Yves Ossonce, direction
Samedi 17 novembre 2012 à 20h
Dimanche 18 novembre 2012 à 17h
Tours, Grand Théâtre
Conférences gratuites de présentation des deux oeuvres les 17 novembre à 19h, le 18 novembre à 16h (Grand Théâtre de Tours)
Pour inaugurer sa nouvelle saison symphonique 2012-2013, l’OSRCT, l’Orchestre Symphonique Région Centre Tours aborde au cours des deux prochaines saisons à venir, l’ensemble des symphonies de Johannes Brahms. Premiers chapitres d’une intégrale prometteuse, les 17 et 18 novembre prochains avec les Symphonies n°2 et n°3. Brahms prolonge les recherches de son mentor et modèle Schumann en matière d’écriture symphonique tout en renouvelant la compréhension de Beethoven; c’est aussi pour l’Orchestre tourangeau, une nouvelle immersion dans le grand bain romantique germanique, un défi dont les obstacles pourraient bien confirmer son excellente tenue interprétative…
En Carinthie, Brahms (44 ans) achève sa lumineuse et tendre n°2, créée par Hans Richter à Vienne en décembre 1877: le calme majestueux, d’une éloquence discrète tendre presque amoureuse du premier mouvement est un préambule très accessible: le raffinement de l’orchestration (bois, cuivres) renvoie à Beethoven tandis que l’écoulement narratif n’empêche pas une certaine grandeur musclée et carrée propre à la solidité finalement très nordique de Johannes; grave et tendre à la fois, là encore, le sublime second mouvement est une confession amoureuse, pudique et sensible, d’une intensité rare (adagio ma non tropppo). Puis, le compositeur revient à la clarté rythmique beethovénienne dans l’Allegretto grazioso quasi andantino où l’esprit enjoué, innocent d’un ländler semble jaillir, premier, vif argent, souvenir aussi de la trépidation mendelssohnienne. C’est peu dire que l’éclat et le rire triomphal du dernier et quatrième mouvement (Allegro con spirito) rappellent le finale de la Jupiter de Mozart (jusqu’à la clarinette noble et élégante prise dans le flux d’une lumineuse envolée). Là aussi cet amour pour le classicisme distingue l’écriture de Brahms: une vitalité qui traverse tous les pupitres que les chefs gagnent à ne jamais jouer ni tendu ni épais.
La 3ème Symphonie écrite pendant l’été 1883 à Wiesbaden, est qualifiée d’Héroïque par Richter qui l’a créa à Vienne le 2 décembre 1883. C’est évidemment une comparaison avec Beethoven, mais la versatilité souvent trouble sur le plan émotionnel singularise l’écriture de Brahms alors au sommet de sa carrière comme de son génie créateur.
Du premier mouvement (Allegro con brio) au second, Andante, la vitalité (sa devise est « libre mais joyeux ») de Brahms éclate surtout dans la fluidité des motifs enchaînés, dont le parcours cellulaire fait dériver les seconds des premiers: un flux désormais organique structure et cimente la continuité orchestrale avec un feu et une énergie viscéralement acquise. Il y a certes un caractère éminemment autobiographique chez Brahms mais l’écriture, le raffinement et le goût de l’équilibre formel dans le respect de la forme sonate héritée de Haydn, Mozart et Beethoven, les Viennois classiques et romantiques qui l’ont précédé, confirment là encore le fort tempérament du compositeur: traditionnel certes mais profondément original. Car audacieux et plutôt novateur, Brahms affirme sa particularité dans les deux derniers mouvements: le troisième n’a rien d’un scherzo beethovénien mais au contraire prolonge la gravité du second (blessure secrète ou mélancolie extatique) et le dernier n’est pas non plus aussi triomphal que les conclusions beethovéniennes: superbement mêlé de sentiments croisés où la réitération des thèmes précédents se réalise dans un éclatement et aussi un renouvellement constant de l’activité sonore. Méditatif, d’une fausse légèreté, Brahms surgit clairement dans ce jaillissement permanent du discours orchestral, en un miroitement décidément insaisissable de musique pure. Où le conflit et la tension assoient la puissante architecture, la richesse thématique et sa réalisation instrumentale recréent la force psychique d’une fabuleuse imagination.
Prochains volets de la saison symphonique à Tours, Grieg: Concerto pour piano opus 16, et Symphonique n°4 Romantique de Bruckner, les 8 et 9 décembre 2012.
Tours, Grand Théâtre
Samedi 17 novembre 2012, 20h
Dimanche 18 novembre 2012, 17h
Conférence le 17 novembre à 19h, le 18 novembre à 16h