dimanche 20 avril 2025

CRITIQUE, concert. PARIS, Espace Bernanos, le 25 janvier 2025. Récital d’Etsuko Hirose. Tiziana De Carolis, Béatrice Thiriet, Henri Nafilyan. Etsuko Hirose : transcription de Sheherazade de Rimsky-Korsakov.

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Une première partie dédiée aux compositeurs.trices contemporain(e)s souligne la valeur et l’ouverture du récital de la pianiste Etsuko Hirose, donné dans l’Auditorium de l’Espace Bernanos, à quelques pas de la gare Saint-Lazare. La passionnante interprète s’empare de trois écritures, très diverses et contrastées ; celle d’abord, ardente et souple, très accessible et narrative de Tiziana De Carolis (inspirée par Jane Austeen)…

 

…méditative et comme suspendue de Béatrice Thiriet ; enfin les climats caractérisés fougueux, volubiles d’Henri Nafilyan, à travers la verve, vive, éruptive, des 16 « Noèmes » dont Etsuko Hirose exprime le flux créatif, l’énergie d’essence schumannienne (comme en témoigne le dernier noème qui semble s’embraser dans la lumière).  Le clou de la soirée (véritable prétexte à notre présence en réalité) demeure en seconde partie, la propre transcription d’Etsuko Hirose de l’une des partitions les plus flamboyantes pour orchestre : Shéhérazade de Rimsky-Korsakov. C’est déjà un défi de choisir une telle œuvre ; d’en exprimer sur les seules touches du piano, le souffle et la profondeur orchestrale, tout le scintillement instrumental, les couleurs autant que les… rythmes. La transcription a récemment fait l’objet d’un enregistrement discographique, célébré à juste titre par notre distinction : le CLIC de CLASSIQUENEWS.

 

Très ancrée dans le piano, révélant au centre du clavier de somptueuses notes médianes, la pianiste ne réduit en rien la partition originelle ; elle prend appui, dans un jeu solide, charpenté pour exprimer tout l’infini poétique de chacune des quatre parties ainsi transcrites. Le souffle épique qui naît de la mélodie primitive, d’une ondulation voluptueuse dans la première, celle du vaisseau de Sindbad sur la mer : la clarté polyphonique, la ciselure nuancée de chaque mélodie, les nuances qui suscitent les timbres originaux ressuscitent alors le piano virtuose, à la fois brillant et conteur des plus grands : Liszt, Chopin, Kalkbrenner (dont d’ailleurs Etsuko Hirose a joué et enregistré la transcription de la 9ème de Beethoven).

 

Même maîtrise totale entre martialité motorique et volupté épique pour l’évocation du Prince Kalendar, noble guerrier dont la pianiste exprime le tempérament impétueux et aussi contemplatif, enivré d’exploits, de gloire, d’ivresse conquérante. On retrouve dans la Grande Fête à Bagdad, dernier volet, ce crépitement digital, à la fois puissant et orfévré, bouillonnement et déflagration qui s’achève comme chez Liszt, dans une transcendance éthérée.

Le grand frisson s’est réalisé à un niveau supérieur encore dans le 3è épisode, celui le plus enivré, wagnérien, entre rêve et extase… narrant les amours du prince et de la princesse ; très à son aise, intimement inspirée, la pianiste embrasse tout le mouvement avec une souplesse, des respirations plus profondes encore qui expriment davantage l’ivresse et l’accomplissement romantique de la séquence : registre médium très puissant, jeu structuré ; aux accents lisztéens et wagnériens, voici ce grand piano sorcier, flamboyant, orchestral, prodigieux et raffiné. Captivant !

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CRITIQUE, concert. PARIS, espace Bernanos, le 25 janvier 2025. Récital d’Etsuko Hirose, piano. Tiziana De Carolis (Sense & Sensibility – Androgynous), Béatrice Thiriet (La nuit, Ce soir là…), Henri Nafilyan (16 Noèmes). Etsuko Hirose : transcription de Sheherazade de Rimsky-Korsakov.

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