Ce vaisseau de pierre qui s’élève vers les étoiles, a choisi pour fêter cet événement, un joyau unique de la musique baroque : les Vêpres de la Vierge de Monteverdi.
Une rencontre idéale qu’est venu magnifier une interprétation d’une rare musicalité. Tout le monde ou presque aujourd’hui connaît l’histoire de ces Vêpres. Composées hors cadre liturgique, elles sont une pure merveille. Et le public est venu extrêmement nombreux en cette douce soirée de décembre. Une aussi belle occasion d’entendre cette œuvre ne devait surtout pas être manquée. Dans ce lieu exceptionnel où la magie de la nuit opère, nous avons été transportés dans un autre univers, où l’harmonie apaise les tensions.
La musique de Claudio Monteverdi est tellement belle, qu’elle ne peut que porter ceux qui l’interprètent. Ce qui n’a pas manqué d’être le cas ce soir.
Choristes de la Maîtrise de Notre-Dame, solistes, musiciens de l’Ensemble des Sacqueboutiers de Toulouse et de la maîtrise, complices réunis en demi-cercle sur une scène surélevée, ont canalisé leurs énergies, créant un sentiment d’intériorité profond. Très vite sous la direction enthousiaste et rigoureuse de Lionel Sow, le chef de la Maîtrise de Notre-Dame de Paris, l’ensemble des interprètes s’emparent de l’œuvre, faisant vibrer la Cathédrale, captant les esprits.
L’instrumentarium est d’une grande richesse ; il offre des diaprures luxuriantes aux voix. La rondeur et le timbre cuivré des Sacqueboutes et des cornets de l’ensemble des Sacqueboutiers de Toulouse et le moelleux des flûtes, associés aux nuances si lumineuses des théorbes, du clavecin, des cordes de l’Orchestre de la Maîtrise, sont comme autant de pierreries flamboyantes, dont la lumière et les nuances portent le chant vers les voûtes. Les effets de spatialisation sont au service d’une émotion d’une rare intensité.
Les voix célestes du chœur d’enfants semblent nous appeler des confins de l’Univers, et le pupitre magnifique des basses, dont d’ailleurs se détachent deux solistes, semblent comme autant de colonnes soutenant les cœurs et les âmes qui vacillent.
L’ensemble des solistes ont su nous toucher. L’on retiendra tout particulièrement les deux soprani, Aurore Bucher et Cécile Achille, qui dans le Pulchra es par la pureté de leur ligne de chant, révèlent l’amour sacré et universel de celle que l’on implore.
Les ténors sont comme en état de grâce. Bruno Boterf et Marc Mauillon nous offrent des instants de pure magie. Leur souplesse vocale, la sensualité de leur timbre, reflètent les clairs–obscurs du divin et dans Duo Seraphim, instant de virtuosité et de poésie tant attendu, la théâtralité et l’élégance vocale de Vincent Bouchot, vient souligner la gloire comme la force qui soutient l’espérance. Le timbre suavement doloriste des alti Marie-George Monet et Marie Pouchelon, et la solidité des deux basses sorties du chœur, Virgile Ancely et Frédéric Bourreau viennent compléter harmonieusement la distribution. La diction soignée aussi bien du chœur que des solistes et une projection offrant de belles nuances sont des qualités rares et précieuses qui chez les interprètes de ce soir ont permis au public de s’abandonner à la musique de Monteverdi.
Paris. Notre Dame de Paris, le 18 décembre 2012. Claudio Monteverdi (1567-1643) Vespro della Beata Vergine 1610. Cécile Achille, Aurore Bucher, soprani ; Marie – George Monet, Marie Pouchelon, alti ; Marc Mauillon, Bruno Boterf, Vincent Bouchot : ténors ; Virgile Ancely, Frédéric Bourreau : basses. Les Sacqueboutiers de Toulouse. La Maîtrise et l’orchestre de Notre Dame de Paris. Direction du chœur d’enfant, Emilie Fleury. Lionel Sow, direction.