mercredi 23 avril 2025

Paris. Salle Pleyel, le 22 mars 2007. Concert Saint-Saëns, Dutilleux, Ravel. Orchestre de Paris. Michel Plasson, direction

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Sans aucun doute un beau concert, qui mêle plusieurs époques représentatives de la musique française : tout d’abord, le classicisme intense d’un Saint-Saëns, qui ne cesse d’enchanter chaque mélomane avec sa Troisième Symphonie. Il s’agit vraiment de l’une des œuvres les plus inspirées de la fin du XIXème siècle, de loin supérieure à la contemporaine Symphonie de Franck. Ensuite, en deuxième partie, la sensualité vertigineuse de The Shadows of time de Dutilleux précédait les fracas morbides de La Valse de Ravel.
Les interprétations que nous avons entendues respiraient la concentration, l’équilibre, le naturel ; l’attention aux couleurs, aux timbres ne s’est amoindrie à aucun moment. La Troisième Symphonie de Saint-Saëns nous est apparue comme naturellement belle, sans chichis, sans emportement excessifs non plus, très certainement à dix mille lieues de la sentimentalité que l’on peut entendre parfois. A noter la présence de Thierry Escaich qui colore avec beaucoup de style et d’à-propos sa partie, créant dans le deuxième mouvement un climat à la fois mystérieux et pourtant lumineux. L’orgue est en effet ici davantage une couleur qu’un soutien harmonique. Paradoxalement, la « mesure », le refus d’un romantisme débordant « modernisait » la musique de Saint-Saëns.
Quel contraste avec l’univers de Dutilleux, plus flou, plus vague naturellement mais tout aussi magique ! The Shadows of Time a été composée entre 1995 et 1997 pour l’Orchestre Symphonique de Boston qui en assura la création sous la baguette de Seiji Ozawa. Ces « ombres du temps », en cinq mouvements, traitent l’orchestre avec une légèreté de touche vraiment impressionnante. Michel Plasson, très investi, tout comme l’orchestre, en a donné une belle interprétation, bien qu’elle manquât légèrement de clarté structurelle, à mon sens. La Valse selon Plasson m’a franchement déçu par un manque général de souplesse. Assez étonnant de la part d’un chef qui a passé une grande partie de sa vie à explorer la musique française (devons-nous rappeler qu’il a été pendant plus de trente ans directeur musical de l’Orchestre du Capitole de Toulouse ?). Ici, avec l’Orchestre de Paris, tout semblait droit, carré, très strict. C’était beau, mais jamais mystérieux, angoissant ou terrifiant ; le crescendo, vraiment trop poli, ne pouvait suggérer le cataclysme, l’effondrement, ou la dislocation d’un genre triomphant. Où est passé le « tournoiement fantastique et fatal » que demandait Ravel ?

Paris. Salle Pleyel, le 22 mars 2007. Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Symphonie n° 3 « avec orgue ». Henri Dutilleux (1916) : The Shadows of Time. Maurice Ravel (1875-1937) : La Valse. Thierry Escaich, orgue, Orchestre de Paris. Solistes de la Maîtrise de Paris. Michel Plasson, direction.

Crédit photographique
Camille Saint-Saëns (DR)

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