Voici l’événement symphonique de la rentrée : l’intégrale des Symphonies de Jean Sibelius par l’un des plus brillants chefs finlandais d’aujourd’hui, Esa-Pekka Salonen, par ailleurs directeur musical du Los Angeles Philharmonic Orchestra.
Aujourd’hui, en ce dimanche ensoleillé d’automne, première étape d’un parcours sibélien hors pair, avec l’Orchestre Philharmonique de Los Angeles sous la houlette de son directeur musical, Esa-Pekka Salonen : le poème symphonique La Fille de Pohjola, relié logiquement à la Troisième Symphonie – il s’agit de deux œuvres strictement contemporaines – précédaient la Première Symphonie. Voici nos premières impressions face à un cycle qui compte de prochaines étapes. Salonen révèle avec un art confondant toute la beauté du style orchestral de Sibelius. Rarement cette musique aura sonné aussi chatoyante, surtout aussi délicate, lègère, décantée, en un mot aussi pure. Des interprétations de cette après-midi se dégagent une science unique des coloris, et un art incroyable de la continuité et de la construction formelle. La musique du compositeur finlandais, qui se révèle si difficile par son écriture, en apparence si disparate, si éparse, semble ici toujours miraculeusement fluide, d’une souplesse infinie. A cet égard, Salonen privilégie très nettement la clarté de l’écriture, la transparence des textures ou la netteté des traits ; jamais cependant il ne manque la fermeté rythmique nécessaire (Scherzo de la Symphonie n°1, proprement époustouflant).
L’enthousiasme du public à la fin de la Première Symphonie a récompensé une vision flamboyante, concentrée, vivante et poétique, avec toujours ce fondu, ces coloris presque laiteux qui ravissent l’oreille et le cœur, ainsi que des phrasés toujours soutenus, emplis d’un souffle, d’une vision intrinsèque indéniables. Saluons d’ores et déjà, au début du cycle sibélien, l’orchestre, où règnent des instrumentistes proprement stupéfiants, en particulier la flûte solo, d’une sonorité vibrante, miraculeuse, exquise. La suite de cet intégrale Jean Sibelius s’annonce à la hauteur de nos attentes: captivante.
Paris, Salle Pleyel. Dimanche 4 novembre 2007. Concert Jean Sibelius ((1) : La Fille de Pohjola, poème symphonique opus 49, Symphonie n°3 opus 52, Symphonie n°1 opus 39. Orchestre Philharmonique de Los Angeles. Esa-Pekka Salonen, direction.