mercredi 23 avril 2025

Paris. Salle Pleyel,  le mercredi 7 Février 2007. Concert Schumann, Poulenc, Ravel. Orchestre de Paris, Gilbert Varga, direction.

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L’Orchestre de Paris accueillait Gilbert Varga, actuel directeur musical de l’Orchestre d’Euskadi au Pays Basque. Un très beau programme, varié, nous était proposé. Tout d’abord, la Troisième Symphonie de Schumann. Le premier mouvement est tout à la fois héroïque, sans pour autant que l’inquiétude en soit absente. Varga construit magnifiquement son propos, il ménage des moments de détente, de sérénité, de respiration tout simplement, avant que des passages plus tempétueux ne nous saisissent de tout notre être. Pour l’auditeur, cette vision est merveilleuse, tant tout lui parait souple, fluide, équilibré, naturel et simple. Les pupitres de violoncelles et de contrebasses y sont pour quelque chose : ils relancent sans cesse le discours musical qui s’épanouit lumineusement dans les autres pupitres. Les deux mouvements suivants sont sans doute un peu trop rapides – n’est-ce pas une manière aussi d’unifier l’œuvre, qui parait avec d’autres si souvent décousue ? – mais cela correspond tout à fait à la conception de Varga qui nous convie à une humble et conviviale ballade musicale. La Symphonie a pris la place de la traditionnelle ouverture ou du poème symphonique, ce n’est pas anodin : Varga nous brosse une véritable série de tableaux en musique.
Ensuite, l’Orchestre de Paris interprétait le Concerto pour orgue, timbales et orchestre à cordes de Poulenc. Interprétation sereine, plus mélancolique qu’inquiète. Tout en respectant les étonnants changements d’éclairage et jeux de timbres que Poulenc distille tout au long de son œuvre, elle aurait pu être plus implacable, plus contrastée, plus violente. Nous sommes un peu décontenancés par l’orgue utilisé, dont les jeux manquent selon nous de personnalité et de poésie. Pourquoi ne pas avoir choisi plutôt le Concerto champêtre ? Cependant, le passage « Très calme, lent » (vers les 15’) était remarquable de ferveur.  
Le public déjà conquis, est comblé avec les deux suites de Daphnis et Chloé de Ravel. Varga se fait ici peintre, poète et musicien. Dès le Nocturne, on est admiratif devant l’agencement des timbres, la conduite naturelle des phrases, et surtout, l’auditeur a cette impression de sentir physiquement le doux vent du soir. Varga se rapproche d’un de ses maîtres, Sergiu Celibidache, dont il existe une sublime interprétation de ces deux suites publiée autrefois chez Arlecchino. Même sens de la ligne, même subtilité dans l’amplification sonore (Lever du jour), même art de la suspension pour évoquer le temps mythologique. En outre, les phrasés s’épanouissent avec une simplicité confondante : ils évoquent tout autant l’admiration devant l’être aimé que l’élan sexuel, charnel qui anime les deux protagonistes (passage de transition avant la Pantomime). Une différence avec son maître, cependant : Varga rétablit le tempo dans les danses dont le côté furieux, implacable, virtuose est rendu à merveille, trop stravinskien peut-être ici. Gilbert Varga se doit de revenir à Paris pour nous donner le ballet intégral.

Paris. Salle Pleyel,  le 7 février 2007. Robert Schumann(1810-1856) : Symphonie n° 3 en mi bémol majeur opus 97 dite « Rhénane ».Francis Poulenc (1899-1963) : Concerto pour orgue, timbales et orchestre à cordes.Maurice Ravel(1875-1937): Daphnis et Chloé (Suites n° 1 & 2).Jacques Taddei, orgue. Orchestre de Paris.  Gilbert Varga, direction. Reprise ce soir,  jeudi 8 février 2007 à 20h à la Salle Pleyel.

Crédit photographique
Gilbert Varga (DR)

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