mercredi 23 avril 2025

Paris. Salle Pleyel, le vendredi 1er juin 2007. Concert Brahms, Sibelius. Orchestre Philharmonique de Radio France, Paavo Berglund.

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Pour tout amoureux de la musique de Jean Sibelius, Paavo Berglund est une légende. Défenseur acharné et amoureux du Finlandais, il a gravé pour le disque trois intégrales remarquables de ses symphonies. En ce soir du 1er juin, il revenait à Paris pour diriger la Quatrième avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Une soirée attendue avec curiosité et impatience ! Ecrite en 1911, la Quatrième de Sibelius demeure unique au siècle dernier. D’une nudité inhabituelle, d’une exigence déconcertante, elle ne laisse certainement pas indifférent, tellement le mélomane est saisi – sans doute malgré lui – par sa force expressive. Le chef finlandais accentue encore la noirceur de l’œuvre. Malgré des tempos amples et larges, la tension du discours est toujours maintenue. L’Orchestre Philharmonique de Radio France s’avère remarquable par sa concentration, avec une mention toute spéciale pour les pupitres de violoncelles et de contrebasses, qui comprennent tout de la puissance sombre, presque rauque de cette musique, et ceci dès leurs entrées au premier mouvement. La toute fin du dernier mouvement est étonnante : Berglund, avec ses bras qui se déploient comme un aigle sur toute l’étendue des pupitres, obtient une réponse immédiate des musiciens. L’auditeur est alors saisi par une sensation de ralentissement total du temps musical, et ceci après un chaos effrayant, où les cuivres de l’Orchestre Philharmonique auraient pu faire valoir encore davantage leurs timbres bruts, parfois même ingrats. Paavo Berglund n’a pas failli ce soir-là à sa réputation d’interprète émérite de Sibelius.
La première partie du concert était dévolue au Concerto pour violon de Brahms, où Berglund témoignait d’un sens encore intact de l’architecture musicale. Le style du soliste Christian Tetzlaff, légèrement maniéré, plus crispé aussi, et sans doute trop obnubilé par le beau son, ne s’accordait pas tout à fait la vision du chef, plus rigoureuse et pourtant lumineuse. Un certaine dichotomie semblait s’installer entre les deux musiciens. Le soliste manifestait d’ailleurs peu de respect pour le chef, si l’on en juge par la séance des applaudissements : Paavo Berglund, âgé de 78 ans, marchait difficilement – même avec sa canne, il avait besoin d’aide pour se faire raccompagner dans sa loge ; Tetzlaff, lui, avait manifestement décidé de profiter des difficultés du chef pour recevoir toutes les félicitations du public…

Paris. Salle Pleyel, le vendredi 1er juin 2007. Johannes Brahms (1833-1897) : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op.77. Jean Sibelius (1865-1957) : Symphonie n°4 en la mineur op.63. Christian Tetzlaff, violon. Orchestre Philharmonique de Radio France, Paavo Berglund, direction.

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