vent de modernité
Il est clair qu’après Beethoven, le langage symphonique ne sera plus le même: un modèle pour tous les compositeurs, tel qu’il en sera de même de Wagner vis à vis de tous les créateurs européens à l’autre extrémité du siècle. Pour l’heure, au diapason de cette révolution instrumentale, le chef mesure ce soir ses effets, joue davantage sur l’articulation et la puissance que le contraste et la transparence. C’est un son compact et déterminé, franc et immédiat qui compose ce soir une préparation au cycle entier. La précision des attaques de cuivres, l’unisson des cordes, le son flatteur et sollicité de tous les bois, -très en avant tout au long de la soirée-, en particulier dans le très haydnien Andante cantabile (jusqu’à la grâce d’une conversation viennoise), de loin le plus convaincant de la soirée, sont prenants ; autant de facettes qui augurent d’une intégrale très engagée (à suivre pas à pas dans nos colonnes).
S’il n’était la 7ème en seconde partie d’un entrain évident où l’orchestre se lâche plus naturellement, on regretterait une certaine timidité générale face au mythe beethovénien et ce en début de concert; mais il n’en est plus rien avec l’intrusion choisie (attendue) de la pièce en création de l’excellent Fabien Waksman: Protonic games dont le titre renvoie à une relecture actuelle de la 7è justement. Comme il l’explique parfaitement dans notre reportage vidéo dédié à l’intégrale Beethoven au TCE, le compositeur distingue certaines particules de l’écriture beethovénienne pour en extraire l’essence dont découle tout un développement vers l’universel et le cosmique. De l’infiniment petit vers l’infinement grand. Superbe vision, généreuse, lyrique et passionnée qui découlant de Beethoven, offre un feu d’artifice orchestral dont le propre en cours de soirée, est de libérer le geste des musiciens. On n’a pas vécu d’interaction romantique/contemporain, aussi fonctionnelle voire stimulante. Bénéfice aux musiciens portés par un style fougueux et énergique; bénéfices pour le public visiblement conquis par ce parallèle lumineux: le pari est gagné: Beethoven n’a jamais paru plus réformateur et visionnaire.
Voici donc un premier volet plutôt réussi, qui augure de la suite: les 5,8,12,15 novembre 2012, les 9 symphonies de Beethoven couplées avec 5 compositeurs contemporains, au TCE à Paris.
infos et réservations: visiter le site de Radio France, Orchestre national de Radio France. Direction musicale: Daniele Gatti

Champs-Elysées, l’intégrale des symphonies de Beethoven complétée par la
création de cinq nouvelles partitions commandées par Radio France à des
compositeurs de notre temps. Maître d’oeuvre de ce cycle événement:
Daniele Gatti, directeur musical de l’Orchestre National de France.