jeudi 8 mai 2025

Paris.Théâtre des Champs-Elysées, le 20 juin 2007. Debussy: Pelléas et Mélisande.

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En mars 2000, les représentations en concert de Pelléas et Mélisande sous la direction de Bernard Haitink, avec une pléiade de chanteurs (Anne Sofie von Otter, Wolfgang Holzmair, Laurent Naouri, Florence Couderc…) aussi extraordinaires les uns que les autres avaient enthousiasmé le public de la Capitale Française. Depuis cette date, la direction de Radio France souhaitait renouveler l’expérience, dans la fosse cette fois. De là, les cinq représentations de juin 2007.
Nous avons assisté à la quatrième d’entre elles. Dès le commencement, les décors magnifiques de Hans Schavernoch font pénétrer le spectateur au cœur d’un monde obscur, inquiétant, aux contours flous, sans doute l’idée que le XIXème siècle finissant se faisait du Moyen-Âge. En d’autres moments, ils font écho à certains courants picturaux qu’admirait Debussy : on croirait voir des toiles préraphaélites au début de l’Acte III. Quant à la mise en scène de Jean-Louis Martinoty, assez classique sans doute, elle exploite faiblement les vertus dramatiques du livret : à travers la lecture par Geneviève de la lettre de Golaud à Pelléas (Acte I, scène 2), on ne pressent guère le tragique, l’inéluctable du drame futur. Les chanteurs semblent d’ailleurs globalement peu investis par le drame. La Mélisande de Magdalena Kozena, réfrigérante, parle dans un français peu intelligible et la voix même de la mezzo-soprane nous semble un peu trop charnue pour le rôle, elle n’exprime pas toute la fragilité et l’irrésolution du personnage (« Si si je suis heureuse, mais je suis triste »). A ses côtés, Jean-François Lapointe campe un Pelléas volontaire, mais sa voix plus métallique que sensuelle nous empêche de vivre avec lui ses moments de grande fébrilité (Acte III scène 1, Acte IV scène 1, etc…). Quant à Laurent Naouri, en Golaud naturellement, il demeure le plus convaincant ; il s’est approprié le rôle depuis des années et en traduit de très nombreuses facettes: le père attachant, l’ennemi inquiétant et imprévisible. C’est surtout un être qui se tourmente de n’avoir jamais pu connaître l’amour…
Bernard Haitink et l’Orchestre National de France demeurent les héros absolus de la soirée. On ne démontre plus leurs accointances avec l’œuvre de Debussy. Leur accompagnement des plus colorés, sensibles et frémissants, dégage toute la vérité du drame. Léger, fin, baignant même parfois dans une lumière irréelle (les deux premiers actes), le soutien orchestral se gorge d’une véritable tension, insoutenable et toujours croissante (Acte IV, Interlude entre la scène 2 et 3). La violence tellurique, plus que la passion exacerbée de la fin de l’Acte IV, restera l’un des moments inoubliables de cette soirée.

Paris. Théâtre des Champs-Elysées, le 20 juin 2007. Claude Debussy (1862-1918): Pelléas et Mélisande. Jean-Louis Martinoty, mise en scène. Hans Schvaernoch, décors. Yan Tax, costumes. André Diot, lumières. Magdalena Kozena, Mélisande (mezzo-soprano). Jean-François Lapointe, Pelléas (baryton). Marie-Nicole Lemieux, Geneviève (contralto). Laurent Naouri, Golaud (baryton-basse). Gregory Reinhardt, Arkel (basse). Amel Brahim-Djelloul, Yniold (soprano). Chœur de Radio France. Orchestre National de France, Bernard Haitink, direction.

Crédit photographique
Bernard Haitink (DR)

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