Le public varié et nombreux en cette fin d’après-midi, dont des enfants très attentifs, a été subjugué, envoûté par l’interprète.
Amandine Beyer : Sei solo
Pour ce second concert, Amandine Beyer joue les partitas n° 1 en si mineur, BWV1002 et n° 3, en mi majeur, BWV 1006 et la sonate N° 2, en la mineur, BWC 1003.
De sa rencontre avec la musique du Cantor, élevée au rang de monument par le XIXe siècle, il émane une grâce infinie de la polyphonie, une générosité unique du dialogue qui s’instaure entre l’imaginaire du maître et de son interprète. L’humilité de son sourire et la beauté du geste comme du phrasé font de sa virtuosité un plaisir et un partage.
Existe t-il artiste plus authentique qu’Amandine Beyer ? On aimerait connaître la réponse de Bach, … pour nous elle est évidente.
Ainsi de ses oeuvres tant de fois jouées, elle renouvelle l’écoute, en transcendant le geste musical, et nous en fait ainsi percevoir la lumière de son âme, ce cœur qui bat dans l’au-delà du dire, dans l’au-delà des mots.
Seule sur scène, habillée d’une
tunique noire, avec la partition posée à ses côtées et à laquelle elle ne se réfère qu’exceptionnellement, elle donne tout ce qui permet à cette musique de nous oublier, de nous apaiser, de partir bien loin de la réalité.
Sans mentonnière, elle semble liberée de toute contrainte. Son bras droit semble filer l’or des notes, avec une souplesse et une légereté, incadescentes. Jamais la spiritualité des sonates et partitas n’a semblé aussi évidente que ce soir.
Et si dans son tête-à-tête avec Bach, elle en oublie de jouer l’andante et la sarabande de la Partita en si mineur en fin de première partie, ce dernier en un sourire qui irradie sur son visage, vient le lui rappeler durant l’andante de la Sonate. Elle ne laisse pas alors le temps aux applaudissements d’exprimer la reconnaissance du public, et s’excusant avec beaucoup d’humour pour ce que d’aucun considérerait comme une faute, elle se propose de jouer en somme, en un premier bis les deux mouvements oubliés. La complicité, le lien si intense qui s’est intauré entre Amandine Beyer et le public, fait que personne ne lui en tient rigueur bien au contraire.
C’est peut – être au fond les paroles de ce vieux monsieur à Amandine Beyer, après le concert qui dit le mieux, ce que nous avons connu en ce jour au Théâtre des Abbesses : “vous m’avez donné Madame, le concert de ma vie”. Merci à vous Amandine, grâce à vous la solitude de chacun est devenu un don de vie.
Paris. Théâtre des Abbesses, le 23 mars 2013. Intégrale des Sonates et Partitas pour violon seul (donnée en deux concerts). Jean – Sébastien Bach (1685 – 1750) : Sonate n°2, en la mineur, BWV 1003, Partita n°1 en si mineur, BWV 1002 et Partita n° 3, en mi majeur, BWV 1006 ; violon, Amandine Beyer