mercredi 23 avril 2025

Paris. Théâtre des Champs-Elysées, jeudi 13 décembre 2007. Concert Mahler. Orchestre National de France, Daniele Gatti.

A lire aussi

Gatti… éclaireur providentiel?
Parfois, certaines soirées sont magiques. La Sixième Symphonie de Gustav Mahler par Daniele Gatti et l’Orchestre national de France restera un moment de grâce dans la mémoire des mélomanes parisiens.
Dès l’Allegro energico initial, la direction du chef impressionne par sa très grande concentration et sa force vectorielle. Sa vision est analytique, mais inoubliable d’engagement physique, étonnante par sa puissance tragique. Gatti privilégie une logique dramaturgique, voire opératique, et la musique de Mahler se rapproche du lyrisme épanoui des grandes voix d’opéras. Le chef a d’ailleurs convaincu ses musiciens par cette approche, car toutes leurs interventions traduisent un art du chant et de la délicatesse incomparable. A cet égard, le début du troisième mouvement (Andante) mérite tous les éloges : phrasés profondément soutenus, couleurs douces et chatoyantes des cordes, lisibilité des lignes intermédiaires (magnifiques contrechants d’altos, parmi d’autres). De ce passage, l’auditeur ressort éboui par tant d’accomplissement aussi bien technique qu’expressif. D’une manière générale, le travail sur les timbres est d’une réelle et constante inventivité : le chef n’oublie jamais d’accentuer le caractère « éparse » et disparate de la texture orchestrale, sans jamais nuire à l’unité globale de l’œuvre ; et l’auditeur est toujours saisi par cette science de la continuité mélodique. Félicitons les musiciens de l’orchestre, qui ce soir-là, au sein de chaque pupitre de l’orchestre (réponses cors-cordes !), font preuve d’un sens de l’écoute intouchable… La phrase d’Alban Berg, à propos de ce chef d’œuvre de Mahler, « La seule Sixième, malgré la Pastorale », a trouvé réalité en ce 13 décembre 2007.
Malheureusement, l’émotion d’un soir ne se dit pas, elle se vit. Heureux les auditeurs qui ont pu assister (en vrai ou par la radio) à ce concert idyllique. Nous avons rarement connu des moments aussi intenses, depuis que nous assistons pour classiquenews.com, régulièrement aux concerts de l’Orchestre National de France. C’est en ces jours que nous comprenons que nous avons là un orchestre unique, qui peut être fier de son histoire, et dont la flamme ne demande qu’à être à nouveau allumée. Daniele Gatti serait-il cet éclaireur providentiel ?

Paris. Théâtre des Champs-Elysées, jeudi 13 décembre 2007. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°6 (1906). Orchestre National de France, Daniele Gatti.

Crédit photographique: Daniele Gatti (DR)

Derniers articles

CRITIQUE, concert. CARACAS, Sala Simon Bolivar, Sistema, Dimanche 13 avril 2025. Orchestre Baroque Simon Bolivar, Bruno Procopio

Dimanche 13 avril 2025, dans la grande Sala Simón Bolívar du Centro Nacional de Acción Social por la Música...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img