jeudi 24 avril 2025

Paris. Théâtre des Champs-Elysées, le 16décembre 2009. Gioacchino Rossini : Tancredi. Nora Gubisch, Elena de la Merced, Filippo Adami, Christian Helmer. Jean-Claude Malgoire, direction

A lire aussi
Rayonnante Aménaïde

Avec les instruments dits « d’époque », on prétend, depuis quelques années, retrouver les sonorités « originelles », non plus simplement des œuvres dites « baroques », mais jusqu’à Berlioz et même Wagner en passant par Verdi.
Bien évidemment, Rossini ne pouvait échapper à cette mode pour le moins curieuse. Curieuse, car, à l’écoute de cette exécution de Tancredi, une question peut se poser : faut-il jouer ces œuvres telles que les compositeurs les entendaient à leur époque (si tant est que c’est bien ainsi qu’elle étaient jouées), ou telles qu’ils auraient voulu les entendre ? Le débat est vaste, et la réponse difficile. A la tête de sa Grande Écurie, Jean-Claude Malgoire, en éternel défricheur, accomplit un travail honorable.

L’approche sait préserver l’esprit de cohérence: il semble régner dans cette équipe une solide amitié et un esprit de groupe, presque familial, réconfortant. Nora Gubisch, dans le rôle-titre, fait montre certes d’un réel engagement dramatique – acquis à la scène –, mais nous restons peu convaincus par un manque d’agilité.
L’Argirio de Filippo Adami semble davantage familier du répertoire rossinien, se montre musicien, mais l’émission est pour le moins étrange, notamment dans l’aigu et le suraigu, où elle se fait criarde, perçante et fort nasale, sans rondeur ni moelleux. Sonore et percutant, l’Orbazzano de Christian Helmer ne possède malheureusement que ces deux qualités, avare de nuances et de raffinement, semblant ne chercher que la puissance vocale, quitte à écraser ses notes graves et à pousser ses aigus. Isaura efficace, Gemma Coma-Alabert fait admirer sa belle voix de mezzo, aux graves faciles, mais au médium légèrement tubé.
Mention spéciale au Roggiero de la jeune Valérie Seng-Yeng. La voix sonne petite, mais bien projetée et placée correctement. Le timbre est beau, la vocalisation précise et légère, et le personnage est campé de façon délicieusement charmante. Un nom à suivre.
La superbe Elena de la Merced semble maîtriser la technique permettant de rendre à la musique de Rossini son éclat. La chanteuse démontre ce qu’est un véritable legato, d’authentiques pianissimi purs, soulevés et flottants et une vraie richesse vocale. De plus, l’interprète se montre sensible, nuancée dans ses inflexions, et d’une belle tenue physique, pleine de noblesse.

Paris. Théâtre des Champs-Elysées, 16 décembre 2009. Gioacchino Rossini : Tancredi. Avec Tancredi : Nora Gubisch ; Amenaide : Elena de la Merced ; Argirio : Filippo Adami ; Orbazzano : Christian Helmer ; Isaura : Gemma Coma-Alabaert ; Roggiero : Valérie Yeng-Seng. Ensemble Vocal de l’Atelier Lyrique de Tourcoing. La Grande Écurie et la Chambre du Roy. Jean-Claude Malgoire, direction

Derniers articles

CRITIQUE événement. COFFRET : BRAHMS / GARDINER. Symphonies n°1 – 4. Royal Concertgebouw Orchestra Amsterdam (2021, 2022, 2023 – 3 cd DG Deutsche Grammophon)

18 ans après les avoir jouées et enregistrées avec l’Orchestre romantique et révolutionnaire (2007), John Eliot Gardiner reprend l’étude...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img