mercredi 23 avril 2025

Paris. Théâtre des Champs-Elysées, le 18 novembre 2008. Mozart: Cosi fan tutte. Matheus. Jean-Christophe Spinosi, direction

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La mouche du coche

On savait Mozart facétieux, plus encore depuis Amadeus, mais avec Cosi Fan Tutte, il va plus loin encore, faisant de la facétie une manière de philosophie, surtout avec la complicité d’un Da Ponte (pour le livret). Détrompé, ou plutôt trompé par Constance Weber son épouse, Mozart, semble-t-il, se venge par procuration en faisant « déniaiser » les demoiselles Fiordiligi (Veronica Cangemi) et Dorabella (Rinat Shaham) par le biais d’une machination ourdie par le philosophe Alfonso (Pietro Spagnoli), largement aidé par la servante Despina (Jaël Azzaretti) qui a du savoir-faire en la matière: les fiancés Ferrando (Paolo Fanale) et Guglielmo (Luca Pisaroni) soi-disant partis pour la guerre se déguisent et reviennent grimés en Turcs, (Valaques ou Arabes) pour s’efforcer de séduire (déniaiser) leurs fiancées et vérifier la fidélité promise. Ils sont édifiées, confirmant la théorie d’Alfonso sur les femmes, car elles succombent, mais le mariage avec les « étrangers » se résout finalement par le « vrai » mariage avec les « vrais » fiancés, la machination a fonctionné: Fiordiligi et Dorabella son rouges de confusion mais, que voulez-vous: Cosi fan tutte! Il faut dire quand même, pour être juste, que les hommes, dans cette affaire, ne valaient pas mieux que leurs fiancées: que voulez-vous, Cosi Fan Tutti.

Sous la baguette magistrale de Jean-Christophe Spinosi (belle battue à l’italienne), l’ensemble Matheus a bien saisi la verve mozartienne, tandis que les acteurs, mis en scène par Eric Génovèse, évoluent comme on s’y attendait. Certes, dans ces évolutions, il y a quelques moments statiques heureusement troublés par Despina, qui virevoltant comme la mouche du coche, se trouve, dirons-nous, comme un poisson dans l’eau. D’autant que sa voix d’une grande musicalité charme aussi les oreilles. Toutes les interprètes sont d’ailleurs convaincants et ont obtenu un succès mérité, surtout si l’on considère, comme l’a dit Dominique Meyer lors de la générale, que c’était le spectacle des « premières fois » (il est vrai que Matheus joue Mozart pour la première fois), sans parler de Jaël Azzaretti qui, a-t-il dit, est « la championne du monde des rôles appris en peu de temps »: la cantatrice avait été appelée au dernier moment en remplacement. Mais elle en a l’habitude….

Au total, une soirée magnifique: la dernière représentation aura lieu samedi soir, le 22 novembre 2008, et le lendemain, je vous le donne en mille! : tout ce monde part pour Munich pour donner le même opéra en version de concert.

Paris. Théâtre des Champs Elysées, le 18 novembre 2008. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791): Cosi fan tutte. Veronica Cangemi, Fiordiligi. Rinat Shaham, Dorabella. Paolo Fanale, Ferrando. Luca Pisaroni, Guglielmo. Pietro Spagnoli, Don Alfonso. Jaël Azzaretti, Despina. Ensemble Matheus. Jean Christophe Spinosi, direction. Eric Génovèse, mise en scène

Illustration: Jaël Azzaretti (DR), Cosi au TCE dirigé par J.-C. Spinosi © A.Yanez

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