mercredi 23 avril 2025

Paris Virtuose: Symphonies concertantes de Berton, Rigel…Versailles, Venise, Mantoue, les 15,17,19 novembre 2011

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Paris Virtuose
Devienne, Gossec, Mozart, Dalayrac, Berton, Rigel, Grétry: Symphonies concertantes

I Virtuosi delle Muse

Versailles, Opéra Royal
Mardi 15 novembre 2011 à 20h

Venise,
Scuola Grande San Giovanni Evangelista
Jeudi 17 novembre 2011 à 20
h

Mantoue
Teatro Bibiena
Samedi 19 novembre 2011 à 20h45


Que serait Paris sans l’éloquente voire enivrante virtuosité? … dont la capitale fit même un commerce très apprécié, en particulier au Concert Spirituel, institution célèbre où tout un chacun pouvait découvrir et applaudir les personnalités européennes du moment. Le programme original présenté de concert par le CMBV et le Palazzetto Bru Zane à Versailles , Venise puis Mantoue (avant de sortir au disque courant 2012)… met l’accent sur l’activité prestigieuse d’une salle de concert dont la proposition musicale précise le goût du public et nuance ce qu’il faut entendre par virtuosité. Pari donne alors le ton de l’Europe musicale: l’écriture concertante y prospère, de même que le brio mémorable de solistes instrumentaux jamais écoutés jusque là… Mozart après son séjour parisien écrit dans le style français concertant.

Dauvergne au Concert Spirituel

Programmé pendant les Journées Dauvergne à Versailles, le concert est d’autant plus pertinent qu’Antoine Dauvergne dirigea le Concert Spirituel (créé en 1725 par Anne Danican Philidor) pas moins de onze années (de 1762 à 1773), une époque faste et active où les esthétiques se précipitent: c’est une époque extrêmement brillante sur le plan artistique. Le règne de Louis XVI et de Marie-Antoinette favorise l’éclosion d’une société très raffinée, amatrice de joutes musicales publiques. Ainsi, en dévoilant aux parisiens médusés et émerveillés, Haydn et Pergolèse, Dauvergne encourage l’essor de la musique concertante: un art qui cultive l’éclatante virtuosité individuelle, rehaussée par le groupe orchestral qui lui est associé.
Fréquenté depuis ses débuts pendant les périodes saintes où la musique n’a plus sa place dans les églises ou les salons, le Concert Spirituel se fait indicateur des tendances et temple du style à suivre.
La foule se presse pour y goûter les meilleures musiques servies par les plus grands interprètes, d’autant qu’avec le temps, et très vite, les répertoires abordés s’élargissent: grands motets certes à ses débuts, puis de moins en moins, symphonies et cantates sacrées, oratorios, musique instrumentale, divertissements, extraits d’opéras… L’éclectisme et ce goût pour les étrangers signifient richesse des découvertes, promesses de sonorités et de voix nouvelles… L’offre attire en masse les spectateurs et auditeurs. Avant la Révolution, le Concert Spirituel est l’entreprise de concerts la plus florissante de l’Hexagone.
Aux côtés de Pergolèse, Gossec, Philidor ou Giroust, Dauvergne sait discerner de nouveaux tempéraments virtuoses aux écritures destinés à marquer les esprits, spectateurs et jeunes créateurs: Galuppi, Traetta, Richter, Jean-Chrétien Bach, Gluck… le réformateur de l’opéra français au début des années 1770.
Aux virtuoses chanteurs, adulés dans les décennies antérieurs (1740-1750), Dauvergne impose l’éclat des instrumentistes méritants tels Capron ou Gaviniès (violonistes), les frères Duport ou Janson comme Boccherini (1768) dont le violoncelle enchanteur gagna de nouveaux adeptes parisiens. C’est une véritable colonie de nouveaux instrumentistes tous virtuoses qui renouvelle alors l’offre du Concert Spirituel: le flûtiste Sallantin le fils (1768); les hautboïstes Secchi (1766) ou Fischer (1767), bientôt détrônés par le plus grand, Besozzi en 1768 (Ordinaire de la Musique du roi)… Pourtant rien de comparable au cor de chasse, celui miraculeux à en croire les témoins, du fameux Rodolphe arrivé à Paris en 1764… capable d’imiter la flûte, la trompette, le musicien au service du duc de Wurtemberg, accomplit plusieurs prodiges.

Paris, virtuosités concertantes

Au coeur de la réussite des concerts, un genre typiquement français, mettant en valeur chaque tempérament ainsi stupéfiant: la symphonie concertante, forme médiane entre symphonie et concerto, valorisant le timbre, révélant la couleur, et la capacité de plusieurs solistes à faire briller leur instrument en une joute enivrante; ici, règnent sans rivaux, Gossec et Rigel. Le Concert Spirituel invente ainsi un nouveau genre où la virtuosité troublante, et jamais creuse, influence aussi les autres domaines en particulier l’Opéra: de la fosse de l’Académie Royale ou de l’Opéra-Comique, se développent de nouveaux types d’ouvertures, véritables échos concertants de ceux écoutés au Concert Spirituel. Ainsi Grétry, Dalayrac, François Devienne (portrait ci contre) mais aussi Mozart, après son séjour parisien de 1778, cèdent au goût du temps. Plus tard encore, à l’âge presque romantique, la forme concertante conquiert la scène: ainsi Le Concert interrompu de Berton (1792) qui met en scène la rivalité et la joute musicale de deux prétendants, l’un au violon, l’autre au violoncelle pour gagner le coeur d’une jeune femme (Céphise) elle-même chantant un air italien accompagné au piano par son père!
Le programme défendu par l’ensemble fondé à Crémone en 2004, par Stefano Molardi (clavecin) et Jonathan Guyonnet (violon), I Virtuosi delle Muse, ressuscite l’émulation artistique et l’éclat éclectique d’un concert au Concert Spirituel à l’époque d’Antoine Dauvergne. Joutes concertantes, délices lyriques font entendre ce goût pour la virtuosité concertante qui prend son essor dans les années 1760 et 1770 à Paris.

Paris Virtuose

Henri-Joseph Rigel
Concerto concertant pour violon et piano (1786)

Henri-Montan Berton
Extrait des Deux Sous-lieutenants ou le Concert interrompu (1792)

Nicolas-Marie Dalayrac
Ouverture de Renaud d’Ast (1787)

François-Joseph Gossec
Symphonie concertante pour 2 violons et 2 altos

François Devienne
Ouverture des Comédiens ambulants, 1798

André Ernest Modeste Grétry
Extrait de La Caravane du Caire (1783)

Wolfgang Amadeus Mozart
Extrait d’Idomeneo (1781)

Roberta Invernizzi Soprano

I Virtuosi delle Muse
Stefano Molardi Pianoforte et direction
Jonathan Guyonnet Premier violon et violon solo

Symphonies concertantes de Henri-Joseph RIGEL, Henri-Montan BERTON, Nicolas-Marie DALAYRAC, François-Joseph GOSSEC , François DEVIENNE, André Ernest Modeste GRÉTRY, Wolfgang Amadeus MOZART

Vous pouvez réserver par téléphone auprès de Château de Versailles Spectacles au 01 30 83 78 89 (du lundi au vendredi de 10h à 13h et de 14h à 18h)

Illustration: Henri Montan-Berton (1767-1844), Dalayrac, Devienne (DR)
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