Patricia Kopatchinskaya
Violon
Radio Classique
Mardi 7 octobre 2008 à 21h
Fée ou furie?
Passion éruptive, tempérament embrasé, ivresse des contrastes, apologie de l’accent, syncopes et fièvre de vibrato… le style de la violoniste moldave, Patricia Kopatchinskaya, que le milieu appelle désormais « Patkop » (comme pour désigner un « phénomène »), défraie la chronique, divise les mélomanes. Son archet ardent et flamboyant dérange et agace comme il captive et époustoufle. Elle joue pieds nus comme pour retrouver à chaque concert, le contact palpitant, concret de ses racines. Pour elle, la partition n’est pas un cadre mais une fenêtre ouverte sur un monde imaginaire aux possibles illimités.
Fille d’une mère violoniste et d’un père, virtuose reconnu du cymbalum, Patkop arrive en France avec un premier disque, qui profite de la complicité d’un autre complice en diable et facéties: Fazil Say, son « frère en musique » (Fazil Say, Patricia Kopatchinskaya: Beethoven, Ravel, Bartok…, 1 cd Naïve). La jeune femme a d’abord à Vienne joué avec son père, les mélodies populaires pour plaire et séduire les touristes. Puis, l’acquisition d’une technique a rehaussé encore la fine intensité d’un tempérament de feu dont la curiosité et le désir d’apprendre se mesurent à son jeu vif-argent, ciselé et enflammé.
A l’Académie de musique de Vienne, l’enfant prodige apprend une autre discipline tout en poursuivant ses autres passions: l’improvisation et la composition. Vivaldi, Teleman, Sibelius, Beethoven, Ravel, Bartok, mais aussi les compositeurs d’aujourd’hui tels Kurtag, Ivan Sokolov et la regrettée Galina Ustvolskaya, comme bien sûr Fazil Say qui lui a écrit un Concerto à la sensualité dansante et féline: son portait musical… Patkop aime défricher, explorer, surtout interpréter dans le feu incandescent de l’instant. C’est pourquoi chacun de ses concerts ne sont jamais des réalisations gagnées d’avance, où la routine s’installe. Sa fraîcheur et ses audaces sont les meilleurs moyens pour réinventer le concert.

agenda
Le 3 octobre 2008: L’Equinoxe de Chateauroux
Le 7, Le Cratère à Alès
Le 10, Théâtre Anne de Bretagne à Vannes
Le 11, Arsenal de Metz
Beethoven: Concerto pour violon opus 61. Patricia Kopatchinskaya, violon. Symphonie n°7. Orchestre des Champs Elysées. Philippe Herreweghe, direction
Illustration: Patricia Koptachinskaya © Naïve 2008