Philippe Genty
Fin des terres
Ballet, 2005
Le 31 décembre 2006 à 20h45
Le 7 janvier 2007 à 11h45
Le 10 janvier 2007 à 3h30
Le 11 janvier 2007 à 15h50
Le 20 janvier 2007 à 15h45
Puis le ballet est suivi par un portrait du chorégraphe,
« Philippe Genty, l’attrape rêves »
Documentaire inédit de Patrick Savey. 2005, 26 mn.
Le rêve est une vision libératrice
Pour Philippe Genty, le rêve est un moyen primordial pour se connaître : se connaître, c’est à dire connaître ses peurs. Lecteur de Freud, de Bettelheim, de Mélanie Klein, ces défricheurs/déchifreurs de rêves, Genty a décidé de faire face à ses propres rêves, à ses propres visions. En particulier, dans ses spectacles, il reproduit des images ineffaçables : insecte volant menaçant et collant, poupée obèse, main surdimensionnée. Ces spectacles chorégraphiés avec l’aide de sa complice et compagne, Mary Underwood, décrivent un espace hors du monde. Le lieu dont il est question, est celui des fantasmes, des révélations. Le dernier ballet du chorégraphe plonge dans nos vertiges intérieurs. Avec « Fin des terres », production de la Compagnie Philippe Genty, qui tourne en France depuis novembre 2005, le questionnement imaginaire de Philippe Genty va au-delà des apparences du réel, pour toucher un monde rêvé, pourtant essentiel. C’est une succession de métamorphoses continuelles où le sol se dérobe, afin que paraissent les personnages d’une action à plusieurs figures. Chaque tableau surréaliste à la manière de Magritte, suspendu comme les hommes à chapeau volants du dessinateur Folon, suscitent la plongée dans l’imaginaire des rêves. Genty nous invite en définitive à nous plonger dans notre enfance, chercher, saisir les images oubliées, pourtant vécues, refoulées mais actives. Ce faiseur de rêves nous incitent à en deviner le sens caché.
En quête de sens
Il avoue qu’enfant, il s’est inconsciemment accusé de la mort de son père alors qu’il n’avait que 6 ans. En plein complexe d’Oedipe, amoureux de sa mère, il avait rêver tuer son père, et naturellement s’était accusé de sa mort. Il a fallu un lent travail d’auto analyse pour faire remonter le scénario primitif afin qu’il se dégage et se libère de ses peurs et de ses angoisses.
« Fin des terres » signifie l’extrémité ultime, les confins de cet autre monde que le chorégraphe, passeur, nous invite à découvrir. Inquiétant mais décisif : voir ses propres rêves, rien de plus insupportable, et de plus nécessaire. Pour qui veut se libérer de soi-même, et renaître.
Dans son ballet, Genty explique la relation de l’homme et de la femme, confrontés à une exploration dans l’ailleurs. L’univers décrit, avec souvent beaucoup d’humour et de décallage, se fait initiation, exploration. Avec Philippe Genty, nous sommes comme Pandore qui ouvre la boîte convoitée, certains d’être surpris pendant la découverte, moins rassurés quand au destin qui suivra. Mais convaincus que le chemin mérite d’être vécu pour atteindre cette libération et cette renaissance espérée.
L’attrape rêves
Le documentaire de Patrick Savey, qui suit le ballet proprement dit, construit autour du travail sur « Fin des terres », démonte les étapes de la conception, les répétitions avec les danseurs qui sont aussi acteurs. Le cinéaste filme le ballet qui s’accomplit, sur la scène de la maison de la culture de Nevers en 2006. La caméra dévoile comment en produisant ses rêves, Genty s’en libère. Disparitions, surgissements, visions et révélations : le caché et le souterrain font surface, le temps du rêve. A nous d’en saisir la vérité et l’enseignement. Qui n’a pas cherché à comprendre ses rêves, vit hors de soi. Genty nous permet d’apprendre à les déchiffrer. Il nous offre de mieux nous comprendre, donc de mieux nous aimer.
Crédit photographique
(DR)