En septembre 2012, résurrection attendue d’un Napolitain à Paris, grand vainqueur sur la scène lyrique et tragique… Après les Allemands, Gluck, Vogel, Jean-Chrétien Bach, les Italiens suscitent les plus vifs applaudissements… séduction d’une vocalità adaptée au vers du premier baroque hérité de Quinault, surtout introspection exceptionnelle (la dernière scène d’Atys où le berger renonce à tout et s’abîme dans la mort pour rejoindre son aimée, Eurydice…)… Piccinni ne manque pas d’arguments pour séduire et convaincre. Avant l’arrivée de Sacchini, un compatriote, Piccinni est bien le champion de l’opéra en France… La version enregistrée aux Bouffes du Nord, chambriste et sélective (sélections d’airs), renforce la charge expressive et pathétique de chaque portrait (Cybèle, Sangaride, Celénius et bien sûr, Atys, héros tragique par excellence)…
En 1780, le Niccolo Napolitain Piccinni livre sa version musicale d’Atys
d’après le livret déjà centenaire légué par l’inusable et légendaire
Quinault. Pour plaire à la Reine Marie-Antoinette, l’Italien comme
son compétiteur Gluck, le Germanique, entend relever le défi: renouveler
la scène tragique en dépoussiérant le modèle hérité du règne de Louis
XIV, et ciselé par Lully et donc Quinault. Pour se faire, Piccinni livre
une musique moderne; il travaille surtout avec Marmontel: l’Atys
originel de 1676 passe de 5 à 3 actes, nombre de scènes accessoires, de
personnages secondaires disparaissent; tout converge vers un nouveau
drame plus concentré, plus radical et contrasté où la poigne du destin
serre les héros jusqu’à les étrangler, les poussant à franchir
l’inéluctable, jusque dans leurs ultimes retranchements: au final 4
protagonistes éprouvés, 4 solitudes exacerbées dont l’issue les condamne
à la mort (Sangaride, Atys… ), ou au terrible aveu d’impuissance
(Cybèle).
Le grand orage d’Atys
La fin est d’un sublime tragique quand Atys détruit par ce qu’il vient
de commettre, énonce ses derniers vers: » je vais où vous ne serez pas
« , s’enfonçant dans la mort pour rejoindre Sangaride, et de la même
façon, signifiant à la déesse Cybèle, sa vaine et stérile fureur.
Tout le drame se précipite dans cette fin d’un vide noir, lugubre,
glaçant. Les spectateurs de 1780 furent-ils saisis comme nous d’effroi?
Piccinni pour la reprise de 1783 atténue l’impact pourtant cathartique
de cette apothéose tragique en la gommant purement et simplement. Lire notre compte rendu développé d’Atys de Piccinni aux Bouffes du Nord
Théâtre des Bouffes du Nord/Piccinni/Chauvin,Santon,Kalinine…Le Cercle de l’Harmonie
Concert donné le 24 septembre au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris
Niccolo Piccinni
Atys : Extraits
Chantal Santon, soprano
Marie Kalinine, mezzo-soprano
Mathias Vidal, ténor
Aimery Lefèvre, baryton
Le Cercle de l’Harmonie
Direction et Violon : Julien Chauvin
la reine invite donc de nouveaux compositeurs, en particulier
étrangers, pour renouveler la musique des livrets de Quinault… car le
Grand Siècle et la Cour de Louis XIV, restent au XVIIIè, et quasiment
100 ans après, un âge d’or vénéré et les textes poétiques des opéras
saisissent toujours par leur force expressive. En 1780, après le choc
des oeuvres de Gluck, propre aux années 1770, le napolitain Niccolo
Piccinni compose une nouvelle musique sur le livret d’Atys qu’écrivit
originellement Quinault pour Lully en 1676.
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