POITIERS, TAP. Concert Schumann, Mercredi 28 février 2018. SCHUMANN sur instruments d’époque. Peu à peu la révolution que nous attendons de tous nos voeux se réalise, pour le grand bien des auditeurs, pour une juste connaissance des équilibres originels de la musique symphonique et concertante. Ainsi ce programme Robert Schumann des plus prometteurs et réjouissants même, offre enfin la juste sonorité (d’époque) de son Concerto pour piano, et de sa Symphonie sublime, n°3, dite « Rhénane ». Voilà donc un pianoforte pour le Concerto, et l’ivresse ciselée des bois, vents, cuivres… pour l’exaltation profonde et conquérante de la Rhénane.
SCHUMANN sur instruments d’époque
A Poitiers, Philippe Herreweghe nous promet un festin de timbres rares, en un festival d’accents comme de couleurs, minutieusement calibré. Clara Wieck, virtuose à 10 ans à peine, bientôt l’épouse de Robert Schumann et sa géniale interprète, demeure l’inspiratrice et la créatrice du seul Concerto de Schumann. Philippe Herreweghe invite Martin Helmchen (avec qui il a enregistré les concertos de Mendelssohn) pour exprimer / exalter les riches parfums poétiques de cette œuvre d’une grande diversité thématique. Le jeune pianiste sait mesurer avec finesse et beaucoup d’intériorité la matière musicale, vécue comme l’exaltation d’une prière enivrée, et aussi comme la puissante architecture d’une pensée très équilibrée. Inspiré par Mendelssohn et surtout Beethoven, Schumann compose sa symphonie dite « Rhénane » en pensant allusivement à la Symphonie Pastorale (même structure en cinq mouvements, entre autres). En clair, le TAP de Poitiers nous offre une soirée orchestrale exceptionnelle, et aussi une « lumineuse évocation musicale d’un voyage sur le Rhin avec Clara ».
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POITIERS, TAP – Concert Robert Schumann
Mercredi 28 février 2018, 20h30
Durée : 1h20 avec entracte
> Robert Schumann
Concerto pour piano en la mineur op. 54
Symphonie n° 3 en mi bémol majeur op. 97 dite « Rhénane »
Orchestre des Champs-Élysées
Philippe Herreweghe, direction
Martin Helmchen, pianoforte
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http://www.tap-poitiers.com/schumann-2191
CONCERTO POUR PIANO DE ROBERT SCHUMANN
Le Concerto pour piano de Schumann est le cheval de bataille des grands maîtres du clavier. Il n’était que justice que cette œuvre retrouve la couleur de son époque : le romantisme des années 1840, et cet équilibre sensible, fragile du pianoforte associé au collectif orchestral. C’est un chant éperdu à l’être aimée, chérie, la consolatrice et la muse, l’interprète aussi adulée par toute l’Europe, Clara Schumann qui est l’épouse du compositeur… une femme exceptionnelle que le compositeur aura beaucoup de mal à épouser après le refus radical du père de la chère bien-aimée. En trois mouvements (Allegro affetuoso, Intermezzo, Finale), le Concerto créé le 1er janvier 1846 au Gewandhaus de Leipzig, favorise la tendresse intime et le murmure en partage dans l’esprit de la musique de chambre (en particulier dans l’intermezzo, alliage subtile entre cordes et vents). L’oeuvre opus 54 est un véritable aveu amoureux, le manifeste d’une union d’autant plus célébrée qu’elle fut longtemps déclarée impossible… Alors qu’il vient d’achever sa Symphonie n°1, Robert compose d’abord une Fantaisie pour sa chère Clara, premier morceau qui deviendra le premier mouvement du Concert final. Bien qu’il se dit alors au faîte de la connaissance du contrepoint de Bach (génie qui l’a précédé dans la ville allemande), Schumann éblouit ici à travers les 3 mouvements, grâce à une fluidité naturelle qui semble constamment jaillir de son inspiration enchantée.
SYMPHONIE N°3 « Rhénane »
C’est l’une des plus lyriques et exaltantes du corpus des 4 Symphonies composées par le Romantique. Créée en février 1851, la partition s’écoule comme un fleuve impétueux, riche en images et en couleurs qui affirme encore et toujours, un esprit rageur et combattif. Celui d’un Schumann démiurge à l’échelle de la nature. Les indications en allemand soulignent la germanité du plan d’ensemble dont la vitalité revisite Mendelssohn, et l’ambition structurelle, le maître à tous : Beethoven. Paysages d’Allemagne honorés et brossés avec panache et lyrisme depuis les rives du Rhin, la Rhénane doit s’affirmer par son souffle suggestif. En particulier, le Scherzo : la houle généreuse des violoncelles, aux crêtes soulignées par les flûtes, y évoquerait (selon Schumann lui-même) une « matinée sur le Rhin », comme l’indique le superbe contrechant des cors dialoguant avec les hautbois aux couleurs élégantes dont l’activité gagne les cordes. Le « Nicht schnell » baigne dans une tranquillité pastorale qui met en lumière le très beau dialogue dans l’exposition des pupitres entre eux, surtout cordes et vents. Le point d’orgue de la Rhénane demeure le 3ème épisode « Feierlich » (maestoso): Schumann inscrit comme un emblème la grave noblesse et la solennité majestueuse de l’ensemble. L’ampleur Beethovénienne de l’écriture impose une conscience élargie comme foudroyée … et ce n’est pas les fanfares souhaitant renouer avec l’aisance triomphale par un ample portique qui effacent les langueurs éteintes comme décomposées. Le caractère du mouvement est celui d’un anéantissement, aboutissement d’un repli dépressif exténué… avant que ne retentissent, comme l’indice d’un salut recouvré, les accents haletants, dansants, irrépressibles du Lebahft final. Epreuves et espérance… tout Schumann est là dans ce jeu des directions ambivalentes mais complémentaires.