mardi 22 avril 2025

Puccini: Tosca. En direct d’Orange France 2, dimanche 18 juillet 2010 à 21h40

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Giacomo Puccini
Tosca, 1900

C’est en écoutant une représentation d’Aïda de Verdi que le
jeune Puccini reçoit la vocation du lyrique. Ainsi, l’un de ses chefs
d’oeuvre de la plaine maturité, Tosca, créé en 1900 en
témoigne.
Viendront ensuite après ce premier sommet dramatique et vocal, Butterfly
(1904) puis l’inachevée Turandot (création posthume en 1926).
L’unité
dramatique et la superbe gradation dans la tension de l’ouvrage viennent
en partie, de sa construction spatiale: à chaque tableau correspond un
lieu différent dans la Rome du début XIXème siècle: l’église San Andrea
della Valle à l’acte I, puis le Palazzo Farnèse ou Palais de la justice
au II; enfin pour la mort des amants magnifiques, les géoles et la
terrasse sommitale du château Saint-Ange au III.
Rares sont les ouvrages
lyriques qui
collent à ce point à l’esprit d’une ville… Rome est l’autre acteur de
l’opéra puccinien. Son souffle, son esprit, ses climats, son atmosphère
en sont distillés par l’orchestre, autre grand acteur du l’action
musicale. La Tosca de Puccini, qui a alors 42 ans, et est bien
au sommet de son écriture, est adaptée de la pièce éponyme de Victorien
Sardou, créée treize années auparavant, en 1887.

Tosca, opéra romain


En un torrent continu qui reste resserré, autorisant quelques rares
airs aux solistes, la musique de Puccini exprime tout ce que les actes
ne disent pas: les pensées secrètes, les soupçons incandescents
(croyante et loyale, Floria
est une femme terriblement jalouse), le machiavélisme cynique
astucieusement tu (Scarpia est un monstre de perversité manipulatrice,
ivre d’une insondable frustration et objet incontrôlable de son désir
pour Tosca),
la loyauté fraternelle de Mario (il est partisan du peuple,
farouchement opposé à toute forme de despotisme, en cela dangereusement
bonapartiste, révolutionnaire et libertaire)…

En définitive, la
plume de Puccini inscrit au devant de la scène, la passion qui animent
chacun des trois protagonistes. Sur le plan musical aussi, le
compositeur rehausse davantage la règle du trio vocal, base de l’opéra
romantique et post romantique: une soprano amoureuse, un ténor ardent,
un baryton néfaste, manipulateur, sombre et ténébreux. Mais ici,
contrairement à tant
d’héroïnes soumises ou sacrifiées, Tosca est une femme qui rugit et
résiste. Elle décide elle-même du moment et du contexte de sa mort.
C’est aussi le portrait de deux artistes magnifiques, elle est
chanteuse; lui est peintre; qui se trouvent broyés par la machine
politico-policière incarnée par le diabolique Scarpia.


Opéra du défi

Tosca est chanteuse; et son amant, Mario, peintre.
Passionné dès 1899 par la pièce de Victorien Sardou, Puccini fait de Tosca,
l’opéra des artistes. Mais des artistes broyés par la machine
politique. Pour autant l’intrigue ne fait pas le portrait de deux
passifs soumis, victimes immolées sur l’autel du cynisme et du pouvoir
satanique (celui du baron Scarpia). Tosca est d’abord un opéra du défi
et de la révolte. S’il est peintre, Mario, pendant tout l’acte I, passe
davantage son temps en créateur engagé, à aider le fuyard clandestin
(ex consul de la république romaine), Angelotti, qu’à manier ses
pinceaux…
A l’extrémité de l’intrigue, Tosca n’adresse pas ses ultimes mots à son
amant fusillé mais bien à Scarpia, ce boucher manipulateur et sadique
qui a ourdi la destruction du couple dont l’éclat amoureux le dévore. En
un sublime élan tragique et héroïque, la diva abusée, en donnant
rendez-vous à l’infâme au ciel, lance un cri de défi inoubliable.

L’ouvrage a connu immédiatement un succès international, à l’étonnement
du milieu français dont surtout Fauré qui n’entendait rien à sa
sanguinité déplacée. Heureusement Ravel, Stravinsky, Mahler relevèrent
aussitôt le génie musical et dramatique de Puccini. L’histoire leur a
donné raison.

France Musique
En direct des Chorégies d’Orange,

dimanche 18 juillet 2010 à 21h40. En simultané sur France 2.
Distribution
Floria Tosca, Catherine Naglestad
Mario
Cavaradossi, Roberto Alagna
Il Barone Scarpia, Falk Struckmann
Cesare
Angelotti, Wojtek Smilek
Il Sagrestano, Michel Trempont
Sciarrone,
Jean-Marie Delpas
Spoletta, Christophe Mortagne
Il Carcierere,
Jean-Marie Frémeau

Orchestre Philharmonique de Radio France
Choeurs
des Opéras de Région
Maîtrise des Bouches-du-Rhône
Direction
musicale, Mikko Franck
Etudes musicales, Janine Reiss
Mise en
scène et costumes, Nadine Duffaut

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