mercredi 23 avril 2025

Quatuor de percussions Ixtla. John Cage. Cnsmd de Lyon. Salle Varèse, lundi 5 novembre 2007

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John Cage
Quatuor de percussions Ixtla

Lundi 5 novembre 2007 à 20h30
Cnsmd de Lyon. Salle Varèse,

Un concert mais pas forcément au sens classique du terme. Un peu des principes du happening, cet Evénement Sans Titre II, pour honorer la mémoire de John Cage, le compositeur américain que les jeunes percussionnistes du groupe Ixtla jouent sous le titre d’Evénement Sans Titre II.

Cage, le miroir et les champignons

Quand à 80 ans il tira son affectueuse et souriante révérence, donc en 1992, John Cage savait-il qu’il était déjà une figure de Commandeur pour la création musicale – et au-delà -, et qu’il le deviendrait toujours davantage ? L’Américain et Citoyen du Monde, l’inventeur du miroir en forme de 4’33 – pour que les auditeurs s’aperçoivent qu’ils sont à chaque fraction du temps les créateurs d’une œuvre multiforme à partir du silence et de l’attente -, et naguère des étranges sonorités du piano préparé, et puis aussi le Père de ce qu’on appelle tous azimuts le spectacle multimédia, et encore l’Applicateur du Principe d’Indétermination, et puis on allait oublier le spécialiste des champignons…Tiens, une idée de spectacle pour les jeunes gens qui se passionnent à « l’écoute » de son œuvre et à des recréations : séance de mithridatisation où Cage goûte et fait goûter ses spécialités mycologiques et tombant – ou feignant de tomber – mort, organise le silence stupéfié qui ne manque pas de suivre.

Les sons n’ont pas de but

C’a été fait ? Sûrement, à Des Moines (U.S.A), Kyoto (Japon), aux Iles Aléoutiennes, à Yssingeaux (France), et peut-être même en concomitance selon le principe des Imaginary Landscapes radiophoniques. Vous en verrez peut-être une réédition si vous assistez au concert de percussions du jeune groupe de percussions Ixtla, à la salle Varèse du CNSM, bien que le programme en semble plus classique, si on ose employer ce terme à propos du Bon Maître de New-York. Et au vu de la spécialisation instrumentale de ce jeune quatuor, centré sur les différents modes de… « faire l’éloge du bruit ». Ixtla cite en exergue le livre-un-peu-culte de Jacques Attali : « Avec le bruit est né le désordre et son contraire : le monde. Avec la musique est né le pouvoir et son contraire : la subversion. » Et réfléchit en acte sur les concepts fusionnels de bruit et de son, d’organisation des hauteurs, de réel prélevé dans le monde qui nous entoure, d’intégration du visuel à l’acte sonore. Tout cela paraît fort savant, mais le paradoxe très stimulant des « disciples » de Cage – ou simplement de ceux qui célèbrent l’importance de ces découvertes -, c’est que tout cet attirail, avec l’aide de la Grâce du hasard, peut aussi non seulement dé-concerter, au sens double du terme, mais surtout amuser. C’est en tout cas le pari des « spectacles pluridisciplinaires à la manière ludique » dont Ixtla se veut co-inventeur : « Les sons n’ont pas de but ! Ils sont ! Tout simplement, ils vivent. La musique c’est cette vie des sons… », disait aussi Cage.

Un trio d’inséparables

C’est aussi pour cela que Ixtla insiste sur l’aspect totalement ouvert aux autres disciplines (quel gros mot venu sous la pointe Bic et le clavier !) de l’art et de la vie tout court. Après tout, Cage n’est-il pas aussi le co-inventeur du happening, le tuteur de Fluxus, le compère de Robert Rauschenberg ( ah ! la chèvre empaillée cerclée du pneu dans l’historique Monogram ! ) et Merce Cunningham (le « chorégraphe » avec lequel il finit par former un duo indéchirable) ? C’est d’ailleurs en citant l’Evénement Sans Titre de 1952 (Cage-Rauschenberg-Cunningham y « inventèrent » le happening) que Ixtla nomme son concert de 2007. Va donc pour un Evénement Sans Titre II, mixant 3e Construction, Quartet, Credo in us, Living Room Music, In a landscape, toutes partitions cagiennes, et des lectures de Joyce. On n’est évidemment pas bien sûr des étapes in live de cette soirée des « Bruits » en salle Varèse ( tiens, it’s the right name’s place to the right performance !), et on peut s’attendre avec délectation à des surprises.

Silence sur Ixtla ?

Mais ce serait une pirouette informatrice de mauvais goût que de faire…silence (cagien, certes, mais on n’a rien contre les jeunes, fussent-ils dans le cadre des Conservatoires…) sur l’identité d’Ixtla. Donc : ce quatuor de percussions réunit Clément Ducol, Sébastien Le Guénannf, Thibault Buchaillet et Yin-hué Wang, tous élèves de Jean Geoffroy (qui a la classe de perc. au CNSMD de Lyon), déjà enseignants, et, sortis de concours, groupés pour des expériences originales de spectacles autour de leurs instruments. Ainsi ont-ils demandé à un comédien de l’ENSATT lyonnaise (Thomas Gourdy), de théâtraliser leur Evénement, et à un metteur en ondes (labélisé IRCAM), Alexis Baskind, d’en assurer la réalisation électronique (notamment pour 3e Construction). Au fait, pourquoi Ixtla ? Ils vous l’expliqueront, qu’il s’agisse d’une référence au (tambour) basque, ou de lettres tirées au hasard selon les principes cagiens. Car, et selon les propos calembouresques même du Maître, il faut toujours relâcher les oiseaux de la Cage des mots et des fonctions, pour qu’ils chantent vraiment.

Quatuor Ixtla. Lundi 5 novembre 2007. Salle Varèse, Cnsmd de Lyon, 20h30. Entrée libre.
John Cage ( 1912-1992): 3e Construction ; Quartet ; Amores ; Credo in us ; Living Room music ; In a landscape.

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