mercredi 23 avril 2025

René Koering: Scènes de chasse, 2008. Création mondiale Montpellier, Opéra Berlioz. Les 7 et 9 mars 2008

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René Koering
Scènes de chasses
, 2008

Création mondiale


Montpellier, Le Corum Opéra Berlioz


Les 7 et 9 mars 2008


D’après Penthesilea d’Heinrich von Kleist
Traduit de l’allemand par René Koering

En mars 2008, le surintendant de la musique en région Languedoc Roussilon fait créer son dernier opéra, Scènes de chasse, d’après la Penthésilée de Kleist, à l’Opéra national de Montpellier dont il est aussi le directeur. Si l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, René Koering poursuit son activité de compositeur lyrique, tout en favorisant avec un instinct sûr, la résurrection de nombreuses oeuvres théâtrales oubliées. Mais ici, le défricheur devient créateur, s’appropriant le mythe de la reine des amazones, Penthésilée qu’un amour imprévu et irrésistible pour le bel Achille, rend vulnérable, puis amoureuse, enfin meurtrière proche de l’hystérie. La nature passionnelle des individus est-elle finalement plus forte que leur destin? Révélée à elle-même dans cet amour qu’elle n’attendait pas, Penthésilée s’inquiète de son tempérament radical. Impuissante face à son identité profonde, l’amazone en panique abdique d’elle-même, se vouant à l’horreur et au crime le plus ignoble…

Distribution
Orchestre national de Montpellier Languedoc Roussillon

Direction musicale: Alain Altinoglu
Mise en scène et lumières: Georges Lavaudant
Décors et Costumes: Jean-Pierre Vergier

Penthésilée : Dörte Lyssewski
Achille : Ariel Garcia Valdés
Penthesilea (double) : Fionnuala Mc Carthy
Achilles (double) : Quentin Hayes
Méroé : Katalin Varkonyi
Prothoé : Géraldine Casey
La grande prétresse : Hanna Schaer
Une amazone : Gabrielle Philiponet
La chef des amazones : Carine Séchaye
Ulysse : Evgueniy Alexiev
Diomède : Ivan Geissler

René Koering (né en 1940)
Né le 27 mai à Andlau (Bas-Rhin), René Koering sur les conseils de Pierre Boulez en 1960, à 20 ans, se rend à Darmstadt pour y suivre l’enseignement de Bruno Maderna. De 1962 à 1969, le jeune musicien s’implique pour la composition, écrivant Suite Intemporelle pour récitant et 8 instruments (1961), et Combat T.3N (commande du festival de Donaueschingen, 1962). Sa rencontre avec Michel Butor en 1972 est décisive: il en découle Mahler (1975, d’après des textes de Butor). Dans le registre lyrique, Koering a composé Marie de Montpellier (janvier 1994). René Koering a été directeur de France Musique entre 1981 et 1985, créateur du Festival de Radio-France et France Musique en 1985. Il est depuis janvier 1990, directeur général de l’Orchestre national de Montpellier, et depuis janvier 2001, directeur de l’Opéra national de Montpellier.

L’intrigue
Sous les murs de Troie se livrent bataille les Grecs et les Troyens. Surgit la horde des Amazones, dirigée par la souveraine Penthésilée.
Elles sont venues capturer les guerriers dont elles ont besoin pour leurs noces à Themyscire, destinées à reproduire le peuple guerrier des femmes. Arrivée sur le champ de bataille, Penthésilée, éblouie par Achille, s’attache à le vaincre dès le premier regard. De son côté, Achille tombe amoureux de Penthésilée, dans les mêmes conditions mais c’est par contre lui qui abat Penthésilée de son cheval. Prothoé supplie Achille de faire croire l’inverse à Penthésilée dès qu’elle se réveillera de sa chute. Par amour, Achille y consent et les deux héros se déclarent leur passion.
Au moment où la bataille reprend et qu’Achille risque d’être fait prisonnier par le retour des Amazones, il dit la vérité à Penthésilée et pour rester vivant, l’abandonne.
Achille envoie Ulysse pour provoquer en duel singulier la reine des Amazones qui relève le défi. Armée jusqu’aux dents, suivie de ses éléphants et de sa meute de dogues, elle va au devant d’Achille qui s’est rendu sans arme à cette rencontre. Penthésilée, ivre de rage et d’amour ne s’en aperçoit pas, transperce Achille d’une flèche et, se jetant sur le héros mourant, le dévore au milieu de ses chiens. Revenant de son raptus meurtrier, les Amazones, effrayées par la barbarie de leur reine, l’exilent. Penthésilée se poignarde pour rejoindre Achille dans la mort.

Penthésilée, d’après Kleist, version Koering

L’auteur de Scènes de chasse, s’explique sur l’enjeu et la génèse de son nouvel opéra: « J’ai relu Penthésilée, pièce de théâtre de Heinrich von Kleist, en écrivant un air de concert, Le cercle Kleist, qui m’avait été commandé par la chanteuse Hildegard Behrens (novembre 1995). C’est de là que m’est venue l’idée de composer un opéra à partir de cette pièce. Le chef d’orchestre Armin Jordan et moi-même avions eu, à l’époque, l’idée de donner, à Bâle, Penthésilée de Schoeck et, à Montpellier l’œuvre que j’allais composer, puis d’inverser. Le projet a été abandonné à sa disparition. J’ai composé toutefois l’opéra, en réponse à une commande de l’Agglomération de Montpellier. Je l’ai construit un peu dans le style de ce qu’Honegger a fait dans Jeanne au bûcher. Les rôles d’Achille et de Penthésilée sont confiés à des acteurs, Ariel Garcia Valdés et Dörte Lyssewski, mais doublés par des chanteurs, Quentin Hayes et Fionnula Mc Carthy, Achilles et Penthesilea. Achilles et Penthesilea chantent en allemand. Leur langue est différente de celle des autres, parlant une autre langue que les grecs et les amazones, se situant ainsi à la marge de leurs références. Ainsi, si l’opéra était donné en Allemagne, le système serait inversé. La musique elle-même renforce cette idée. Loin d’être héroïque, elle surprend, est en décalage, intègre par exemple des rythmes improbables de percussions, à l’image de ces deux héros, décalés, incompris, à la fois victimes et meurtriers, se livrant à une véritable scène de chasse. Le potentiel dramatique du discours en est augmenté, jusqu’au rire étrange provoqué par l’association du tragique et des rythmes inattendus. J’ai également tenu à introduire une notion que je trouve essentielle dans Scènes de chasse : j’ai laissé libres les rythmes dans la partition des chanteurs afin qu’ils puissent adapter le phrasé à l’interprétation. Cette souplesse donne d’avantage de possibilités au metteur en scène, qui, en l’occurrence, ne pouvait être autre que Georges Lavaudant, dont la mise en scène de La rose et la hache, à l’Odéon, il y a 2 ans, m’a frappé. »

Illustrations
(1) Jacques Louis David: la colère d’Achille, 1819 (Forth Worth, Kimbell Art Museum)
(2) René Koering (DR)

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