mercredi 23 avril 2025

Richard Strauss: Don Juan, Une vie de héros France Musique. Vendredi 4 juillet 2008 à 20h

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Richard Strauss
Une vie de héros
Don Juan


France Musique
Vendredi 4 juillet 2008 à 20h

Concert donné le 19 juin 2008, Salle Pleyel à Paris


Wolfgang-Amadeus Mozart
: Symphonie n°25 en sol mineur K.183

Richard Strauss
: Don Juan op.20
Ein Heldenleben op.40 « Une vie de héros »

London Symphony Orchestra
Bernard Haitink, direction

Grande soirée straussienne en ce 4 juillet 2008: au programme, deux oeuvres orchestrales qui marquent l’évolution du compositeur avant qu’il ne s’attèle à ses premiers opéras.

Soirée Richard Strauss, en ce 4 juillet 2008. Don Juan (1889) est l’un des poèmes symphoniques les plus
captivants, exprimant sans paroles, l’intensité passionnelle du mythe
transmis par Molière et Mozart. Une vie de héros (1899) serait à l’inverse,
l’aboutissement de son écriture
purement instrumentale. Bernard Haitink, grand straussien admiré, évoque le temps d’une soirée
parisienne l’évolution d’un Strauss, maître des couleurs et des accents symphoniques: concert événement.

Don Juan (1889), avant Mort et Transfiguration (1890), Till Eulenspiegel (1895), Ainsi Parlait Zarathoustra (1896), Don quichotte (1898), est l’un de ses poèmes symphoniques les plus captivants, exprimant sans paroles, l’intensité passionnelle du mythe transmis par Molière et Mozart. La partition démontre la maestrià du compositeur à l’aube des années 1890. A la fois enchanteur et poète, capable dans le cadre insrtumental d’atteindre la force et le lyrisme émotionnel des grands peintres, sur un sujet donné.


Une vie de héros
(1899) serait à l’inverse, l’aboutissement (avec la Symphonie Alpestre, 1915)) de son écriture purement instrumentale. Bernard Haitink, malhérien, Brahmsien comme mozartien réputé, sait aussi être un grand straussien. La soirée parisienne devrait nous le démontrer. Le chef évoque ainsi, dans le choix de son programme, l’évolution de manière de Strauss, sur dix ans.

Don Juan est d’autant plus important dans la carrière de Strauss, alors âgé de 25 ans, comme son sujet, que l’écriture indique une émancipation du joug wagnérien. Ici se révèle le tempérament personnel du jeune compositeur munichois. C’est un coup de maître! Si Don Juan, héros libertaire, critique à l’égard des valeurs fondatrices de la civilisation (église, mariage, société), incarne cette force vitale sans mesure ni limitation, le style de Strauss est alors à l’identique: serré, sans répétition, dans la fulgurance d’une évocation pleine de feu et d’énergie. Lecteur de Nikolaus Lenau, en Italie, le jeune compositeur s’enflamme pour la figure romantique, et jette ses premières idées à Padoue, en mai 1888. L’écriture est rapide: Strauss assure la création de son ouvrage à Weimar, dès le 11 novembre 1889.

Un héros insatiable finalement défait et tragique
Du poème de Lenau, Strauss sélectionne une trentaine de vers et les intègre dans le programme de concert de la création. Désir, possession, désespoir… Strauss exprime un conquérant vorace, dont la volonté aspire la sensualité du monde en un acte irrépressible à la fois grandiose et ritualisé, mais avec la passion sanguine de sa jeunesse. Don Juan est un jouisseur infatigable. L’allégorie d’un eros surpuissant et irrésistible. Mais l’hédoniste est aussi esthète: donc porté par son idéal, le conquérant va de déception en déception. Un dégoût profond ne tarde pas à l’habiter. C’est le Don Juan tragique, amer, défait par la poursuite de désirs insatisfaits qui s’impose alors, fidèle à la conception purement romantique du personnage. La chute du Chevalier se précise dans plusieurs visions qui se font prémonition de mort.

En une écriture synthétique, Strauss développe une diversité de thèmes qui approche toutes les composantes du mythe. Evocation de Zerline (violon) , effluves de l’amant conquérant et même rassasié de plaisir, mais aussi déjà précipité dans sa propre course… ; langueur soumise de la vertueuse Donna Anna (hautbois, clarinette puis basson)… puis brisure d’un rêve sensuel, déchirure de l’idéal romantique et lente agonie dans le cauchemar tragique. Don Juan fusionne avec Faust, incarnant alors cet être repu, désabusé, meurtri et amer, dégoûté de l’amour et des hommes… (expiration ultime du héros dans deux accords de mi). L’énergie et le désir qui s’écoulent dans les veines du héros forment un poison mortel qui précipite sa jeune âme, ses attentes, ses espoirs, sa vie entière.

La partition est à l’image de la condition humaine: ici Don Juan brûle sa carrière flamboyante et dérisoire en moins de 20 minutes!

Illustrations: portrait de Richard Strauss. Klimt: Amour, fragment (DR)

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