lundi 21 avril 2025

Richard Strauss, Le chevalier à la rose (1911)Arte, samedi 27 janvier 2007 à 19h

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Richard Strauss
Le chevalier à la rose, 1911
Samedi 27 janvier à 19h
En simultané sur France musique

L’oeuvre du renoncement

Après les vociférations douloureuses et même hystériques d’Elektra et de Salomé, La Maréchale offre une autre visage de femme : celui de l’acceptation et du renoncement, de l’abandon et de la sagesse, après le cri et la déchirure, après l’esprit de vengeance et le désir de meurtre. Que trouve la Maréchale, héroïne du Chevalier à la rose, dans les miroirs omniprésents de la mise en scène de Wernicke? L’indice du devenir du temps, la marque de l’inéluctable métamorphose qui emporte les êtres et leur destin ; mais aussi l’artifice et l’illusion trompeuse d’une société raffinée qui a fait des convenances et de l’éducation, une valeur emblématique ; mais sous le masque des courtoisies aristocratiques, celles de la Vienne rêvée qu’ont choisi les auteurs de l’opéra, Strauss et Hoffmannsthal, se cache en vérité, sujet principal de l’ouvrage, le passage du rêve à la réalité, de l’amour au renoncement qu’éprouve la Maréchale.
Ecole du réalisme froid et cynique, Le chevalier serait donc une machine du désenchantement… Or rien de plus onirique, nostalgique et raffiné que le travail du compositeur Strauss et de son librettiste, Hugo Von Hoffmannsthal.
En créant le personnage de la Maréchale, les deux hommes personnifient le mythe de la vieille Autriche impériale : un être qui est l’héritière de siècles de culture mais qui doit tirer sa révérence pour s’intégrer dans le cycle de l’histoire. Essor, derniers feux, fin.
L’opéra donne à voir la Vienne Impériale, dans ses ors les plus éclatants, juste avant de sombrer dans le néant de l’oubli. La Maréchale incarne le destin d’une nation : elle est l’icône de la société impériale d’une Vienne légendaire. C’est une femme digne et sensible qui traverse le monde des apparences (les miroirs de Wernicke) afin d’accomplir son initiation : en renonçant à son amant « Quinquin », la Maréchale comprend qu’il est vain de s’attacher à posséder. Tout bonheur ici bas est promis à celui/celle qui donc, lâche prise.
Créé le 26 janvier 1911, à Dresde, Le chevalier à la rose est-il bien ce chef-d’oeuvre du renoncement? Si l’on s’en tient à la recréation d’Hoffmannsthal, il s’agit plutôt d’un regard inquiet sur une Vienne promise à la fin. Avant que l’Empire Autrichien ne sombre avec la Première Guerre, deux auteurs, Hofmannsthal et Strauss ont l’intuition de la chute d’un ordre utopique, lui aussi promis à s’interrompre.
A l’affiche de l’Opéra de Paris en décembre 2006, l’ouvrage programmé par Gérard Mortier reprend la production conçue pour le festival de Salzbourg en 1995 par le défunt Herbert Wernicke. Ce dernier a signé là, l’une des ses mises en scènes les plus subtiles. Perspectives sans fond, les vastes pan de miroirs qui rythment les mouvements de la scène, expriment une conception moins illusoires qu’il n’y paraît. Sous le jeu des illusions, se joue le devenir de la culture et de l’humanisme. Féerie et philosophie : le spectacle est total. Remercions Arte et France musique de nous offrir une soirée exceptionnelle.

Distribution
Die Feldmarschallin, Anne Schwanewilms
Der Baron Ochs, Franz Hawlata
Octavian, Vesselina Kasarova
Herr von Faninal, Franz Hawlata
Sophie, Heidi Grant Murphy
Marianne Leitmetzerin, Michèle Lagrange
Valzacchi, Ales Briscein
Annina, Helene Schneiderman
Ein Sänger, Tomislav Mužek
Ein Polizeikommissar, Scott Wilde
Der Haushofmeister bei der Feldmarschallin, Wilfried Gahmlich
Der Haushofmeister bei Faninal, Mihajlo Arsenski
Ein Notar, Lynton Black
Ein Wirt, Christoph Homberger
Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris
Maîtrise des Hauts-de-Seine/Choeur d’enfants de l’Opéra national de Paris
Direction musicale, Philippe Jordan
Mise en scène, décors et costumes, Herbert Wernicke
Lumières, Werner Breitenfelder
Chef des Choeurs, Peter Burian

Approfondir

Lire notre dossier les opéras de Richard Strauss
Lire notre dossier le chevalier à la rose, 1911

Crédit photographique
Anne Schawanewilms dans le rôle de la Maréchale © Opéra de Paris 2006

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