Salomé, 1905
Paris, Opéra Bastille
Du 7 novembre au 1er décembre 2009
Livret d’après la pièce d’Oscar Wilde. Traduction: Hedwig Lachmann
Princesse meurtrière
En un acte, la tragédie de Salomé s’accomplit dans son irrésistible écoulement: palais d’Hérode suant le luxe, la tension sous une lune hypnotique et lugubre, les antagonismes (querelles stériles mais stridentes des exégètes juifs), la peur surtout celle à l’égard du Prophète, Jokanaan qui proclame le venue du Messie… La jeune Salomé, fille d’Hérodiade, canalise tous les éléments de ce paysage expressionniste, se focalise sur le visage du Prophète et danse lascivement pour mieux obtenir du tétrarque, l’objet de son désir. Qui même décapité et sans vie, continue d’exercer sa fascinante horreur… Tête en trophée, corps sensuel d’un vénéneux envoûtement… tous les ingrédients sont réunis dans la pièce de Wilde (et dans la mise en scène de Max Reinhardt) pour subjuguer le compositeur Richard Strauss lorsqu’il découvre en spectateur médusé, la pièce de théâtre (initialement écrite pour la grande Sarah Bernhardt) à Berlin.
Musicalement, pour son opéra, le compositeur ouvre de nouvelles perspectives, égalant dans la suggestion et les déferlements éruptifs et captivants, le modèle wagnérien. L’orchestre aux côtés de voix ou plutôt avec elles, déroule le plus somptueux épisode instrumental jamais écrit. Sa flamboyance est d’autant plus irrésistible que l’évocation biblique convoque un Proche-Orient synonyme d’hallucination, d’aimantation et de catastrophe… la première étant marquée par le suicide du jeune capitaine Narraboth, première victime à peine estimée se jetant aux pieds de la froide, perverse et délirante princesse…
Salomé est créé le 9 décembre 1905 à Dresde. La première représentation en France a eu lieu en 1907 au Théâtre du Châtelet, sous la direction du compositeur. La « version originale » française, créée le 25 mars 1907 à Bruxelles, fut oubliée pendant des décennies, jusqu’en 1990, où, l’Institut Richard Strauss de Munich ayant pu reconstituer cette partition que l’on croyait perdue, elle connut une seconde création à l’Opéra de Lyon.
Distribution à l’Opéra de Paris:
Alain Altinoglu, direction musicale
Lev Dodin, mise en scène
Thomas Moser: Herodes
Julia Juon: Herodias
Camilla Nylund: Salomé
Vincent Le Texier: Jochanaan
Xavier Mas: Narraboth
Varduhi Abrahamyan: Page der Herodias
Wolfgang Ablinger-Sperrhacke: Erster Jude
Eric Huchet: Zweiter Jude
Vincent Delhoume: Dritter Jude
Andreas Jäggi: Vierter Jude
Gregory Reinhart: Fünfter Jude
Guillaume Antoine: Erster Nazarener
Ugo Rabec Zweiter: Nazarener
Nicolas Courjal: Erster Soldat
Scott Wilde: Zweiter Soldat
Nahuel Di Pierro: Ein Cappadocier
Orchestre de l’Opéra national de Paris
Illustration: Richard Strauss (DR)