mercredi 23 avril 2025

Richard Wagner: Lohengrin Mezzo, les 23 juin puis 2 juillet 2008

A lire aussi

Richard Wagner
Lohengrin

Mezzo
Lundi 23 juin 2008 à 17h
Mercredi 2 juillet 2008 à 10h

Palais des Festivals de Baden Baden, 2006. Réalisateur: Thomas Grimm. Mise en scène: Nikolauss Lehnhoff. Direction musicale: Kent Nagano. Waltraud Meier / Ortrud. Tom Fox / Telramund. Solveig Kringelborn / Elsa. Klaus Florian Vogt / Lohengrin. Roman Trekel / le hérault. Hans-Peter König / Le roi Henri l’Oiseleur. Choeur de l’Opéra national de Lyon, Deutsches Simphonie Oper Berlin. 3h20mn.

Poison du soupçon et du doute
Lohengrin marque l’approfondissement des recherches de Wagner en matière d’opéra romantique: composé dans la même période que Genoveva de Schumann, l’ouvrage nous parle sous couvert d’une légende médiévale où il est question de la perpétuation de la lignée de Brabant, de l’amour, et dans la conception personnelle de Wagner, de son impossibilité à se réaliser sur cette terre. Voir d’ailleurs à l’acte II, la scène conjugale après leur mariage, où les deux jeunes mariés s’épanchent puis se querellent sur la question de l’identité du Chevalier: Lohengrin au piano, c’est Richard lui-même. Cette dimension autobiographique donne plus de poids au symbolisme du tableau et annonce en sous-jacence, l’impuissance désespérée de Tristan und Isolde… Le duo Elsa/Lohengrin est voué à l’échec car le poison du doute et du soupçon s’est infiltré dans le coeur de la femme. La partition s’achève d’ailleurs sur le dévoilement de l’identité du héros miraculeux, et aussi sur l’accusation que porte le chevalier contre son épouse qui lui avait pourtant juré une indéfectible loyauté.

Klaus Florian Vogt, miraculeux
La mise en scène de Nikolaus Lehnhoff met en avant l’implacable machination des forces ténébreuses, incarnées dans le couple contraire, Ortrud/Telramund, qui distillent leur venin dans l’esprit trop naïf d’Elsa: l’opéra se déroule dans sa pensée, comme dans un rêve romantique, celui d’une petite oie, trop faible et qui mérite bien la chute finale qui l’entraîne. Si elle succombe à la fin, la lignée est sauve puisque son frère qu’Ortrud avait changé en cygne, reparaît pour régner: l’ordre politique est donc maintenu. Mais au prix d’une terrifiante vérité: le sacrifice de l’amour.

La production, parfaite sur le plan scénique, grâce entre autres à des choeurs parfaitement préparés (au jeu dramatique très convaincant) est de très loin dominée par les deux immenses chanteurs « opposés », le lumineux Lohengrin de Klaus Florian Vogt: clarté, pureté de l’émission, articulation proche du texte, timbre d’adolescent viril, sans une once de maniérisme. L’or de sa voix, porté par un souffle souverain, sans vibrato, avec un style d’une indiscutable élégance incarne idéalement le héros envoyé par le Graal de Montsalvat pour sauver une humanité qui se montre bien indigne de sa noblesse morale. Le chanteur né à Heide (Schleswig-Holstein), qui a débuté sa carrière musicale comme 1er cor au sein du Philharmonique de Hambourg, est doué d’une musicalité cristalline exceptionnelle. Membre de la troupe du Semperoper de Dresde entre 1998 et 2003, le ténor mène actuellement une carrière remarquable dans les rôles, outre de Lohengrin, de Parsifal (Naples sous la direction d’Asher Fisch), Loge, Stolzing (Les Maîtres Chanteurs). Sa prestation à Baden-Baden montre les qualités musicales de ce diseur sans affèteries.

Sa contrepartie, oiseau noir et machiavélique, Ortrud, est exprimée avec l’engagement qu’on lui connaît, par la divine Waltraud Meier qui façonne son personnage de diablesse intrigante et de sorcière avec la même intelligence scénique que pour son autre rôle Wagnérien qui l’a imposée, Kundry (Parsifal).
A leurs côtés, les autres chanteurs font bonne figure sans posséder cette évidence vocale. Déception vis à vis de l’Elsa de la soprano norvégienne formée à Stockholm, Solveig Kringelborn: terne, visiblement dépassée par l’ampleur de la voix et les subtilités du rôle de la jeune femme: la cantatrice reste vocalement « engorgée », ses aigus, faibles; la psychologie ambivalente de l’héroïne lui échappe en n’imposant guère qu’une image de petite coquette passive, sans grand relief. Dans la fosse, Kent Nagano dirige avec vitalité et nerf une partition qui tout en s’imposant par ses élans lyriques éthérés, qui suscitèrent l’admiration de Baudelaire entre autres, n’en comporte pas moins certaines longueurs. Mais l’ensemble, grâce aux deux « pépites » (Meier/Vogt) reste captivant dans la mise en scène épurée et claire de Lehnhoff (l’une de ses meilleures).

Illustration: Franck Cadogan Cowper, le sommeil de Lancelot découvert (1854). Sur les marches menant à son mariage, Elsa prise dans les filets du couple démoniaque, Ortrud et Telramund, malgré les mises en gardes de Lohengrin (Production Baden Baden, 2006, DR). Le ténor wagnérien qui monte, Klaus Florian Vogt (DR)

Derniers articles

CRITIQUE, concert. CARACAS, Sala Simon Bolivar, Sistema, Dimanche 13 avril 2025. Orchestre Baroque Simon Bolivar, Bruno Procopio

Dimanche 13 avril 2025, dans la grande Sala Simón Bolívar du Centro Nacional de Acción Social por la Música...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img