mardi 22 avril 2025

Richard Wagner: Rienzi, 1842. Découvrir un opéraArte, dimanche 14 août 2011 à 21h50. Inédit

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Richard Wagner

Rienzi, 1842

Arte,
lundi 15 août 2011 à 22h45

C’est l’opéra le plus scandaleux de Wagner: Hitler y puisa la révélation de sa mission politique, comme une justification de sa propre destinée; en Rienzi, le tribun de Rome, défenseur du peuple et lui-même plébéien, le petit caporal trouva un modèle; la confirmation du héros libérateur, porteur d’une nouvelle société…
Dans la Rome médiévale, alors que s’opposent les patriciens affrontés Colonna contre Orsini, surgit l’homme providentiel, Rienzi (de son vrai nom Cola di Renzo), issu du peuple pour le peuple: en clamant son indignation contre les nobles (comme Wagner) pour les libertés, Rienzi devient le premier citoyen romain, élevé au rang de Tribun.
Pour Wagner, il s’agissait dans cet opéra de jeunesse (créé à Dresde en 1842) d’affirmer la figure d’un démocrate libertaire et révolutionnaire; le compositeur a lui-même participé aux révolutions de 1848 passant des armes en contrebande… ce qui lui vaudra un mandat d’arrêt puis son exil en Suisse: il était devenu persona non grata dans son pays.


Grandeur et décadence d’un tribun devenu tyran

Sur les planches du Deutsche Oper de Berlin en 2010, Rienzi est le sujet d’une nouvelle production: le metteur en scène Philipp Stölzl privilégie et développe la vision d’Hitler: il identifie même Rienzi à la figure d’un ambitieux devenu autocratique, avec la fameuse scène de l’arrestation des nobles qui ont voulu l’assassiner: alors que la loi exige leur exécution, Rienzi les gracie, provoquant de fait la rupture de confiance avec le peuple.
A Berlin, la mise en scène souligne le cynisme du tyran: s’il pardonne en façade, il ordonne en coulisses leur condamnation manu militari.

Les nombreuses références au cinéma des années 1930, période faste de la propagande nationale-socialiste où Leni Riefensthal orchestrait l’esthétique visuelle du régime nazi (à grands renforts de contre plongée, profils, marches…), affichent en fond de scène des projections du dictateur imposant sa loi; pendant la guerre, Rienzi, coupé du peuple, orchestre dans un bunker souterrain la victoire tout en rêvant sur les plans d’une ville idéale…

L’opéra de Wagner mérite absolument la récente résurrection dont il bénéficie; le poison hitlérien ne cesse de corrompre et voiler la juste appréciation des oeuvres du musicien. Il serait temps de faire la part des choses et de voir dans Rienzi, avant sa folie autocratique et paranoïaque (Wagner voudrait-il nous dire que le pouvoir rend fou?), la figure centrale du héros libérateur tel qu’il sera développé dans Lohengrin puis Parsifal…

Hélas, la production berlinoise qui assimile Rienzi à Hitler renforce le trouble vis à vis d’une oeuvre aux réussites musicales pourtant multiples. Dommage que la distribution ne frappe pas par sa subtilité vocale. Seul le ténor Torsten Kerl, dans le rôle-titre, s’en sort honnêtement…


Découvrir un opéra : Rienzi de Wagner par Philipp Stölzl
Avec : Torsten Kerl, Kate Aldrich, Camilla Nylund, Choeur et Orchestre de l’Opéra allemand de Berlin, Philipp Stölzl. Réalisation : Johannes Grebert (Allemagne, 2010, 51 min)

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