lundi 21 avril 2025

Richard Wagner: Siegfried. En direct d’Aix en Provence Radio Classique. Vendredi 4 juillet 2008 à 17h30

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Richard Wagner
Siegfried


Radio Classique, en direct
Vendredi 4 juillet 2008 à 17h30

Le nouveau héros
Après le sublime Prologue (L’Or du Rhin), Siegfried succède ainsi à La Walkyrie. La deuxième Journée de la Tétralogie célèbre la descendance de Wotan, son irrépressible pouvoir, son énergie irrésistible. Le jeune héros dont il est question, vainc tout, grâce à l’épée qu’il s’est lui-même forgé (Notung) … avant d’être vaincu par l’amour (Brünnhilde). Rien ni personne ne lui résiste: ni le perfide Mime (son tuteur hypocrite et manipulateur, que l’enfant tue), ni Wotan dont Siegfried brise la lance, ni le dragon (Fafner) qu’il assassine afin de conquérir le trésor, l’anneau et le haume magique… Après de si terribles épreuves, Siegfried mérite bien une compagne digne de son courage, la walkyrie déchue, Brünnhilde.
Déjà dans Siegfried, se précise la chute future des dieux: Wotan n’est plus le dieux des dieux. C’est un Wanderer, le « Voyageur », ombre errante, en quête de l’anneau qui pourrait prolonger son pouvoir si menacé…

Sans peur, vaincu par l’amour
Beaucoup ont estimé dans la ligne de chant de Mime, triviale, contrainte, criarde, un rien nasalisée, voix de la duplicité, la figure du juif exécré par Wagner l’antisémite… Beaucoup de mises en scène depuis ont exploité ce filon scénique et visuel et jouer sur le contraste, il est vrai saisissant, entre les deux ténors de l’opéra: la vaillance éclatante et même claironnante pour Siegfried, la bassesse hideuse et fausse pour Mime. Mais les données du drame ne sont pas aussi simples qu’il y paraît. Certes Siegfried brille par son absence de toute peur (la condition pour qu’il puisse relever le défi qui lui est présenté)… Mais ce héros sublime scintille aussi par son absence de discernement moral… Il en paiera le prix fort dans le Crépuscule des dieux. Sa naïveté désarmante le conduira directement dans les rets de calculateurs sans scrupules, jusqu’à sa perte. Ainsi va le monde, selon le cynisme pragmatique de Wagner. Ni trêve ni clémence pour les héros.

Richard Wagner; Siegfried
Orchestre Philharmonique de Berlin. Sir Simon Rattle, direction. Avec, dans les rôles principaux : Ben Heppner (dans le rôle titre), Burkhard Ulrich, Sir Willard White, Dale Duesing, Alfred Reiter, Anna Larsson, Katarina Dalayman et Mojca Erdmann. Mise en scène, scénographie et vidéo : Stéphane Braunschweig. En direct du Grand Théâtre de Provence à Aix-en-Provence. Le troisième volet de la Tétralogie (der Ring des Nibelungen) donné pour la première fois au Festival d’Aix-en-Provence.

Notre avis. Initié en 2006, le premier Ring de l’histoire du Festival aixois, se réalise avec le même tempérament dans Siegfried. La tenue des instrumentistes du Berliner sous la direction de maestro Rattle poursuit cette luminosité et ce dramatisme intense: pas vraiment dépoussiérage comme on l’écrit ordinairement mais plutôt relecture fine et intime du drame que d’aucun recouvre par un orchestre trop présent. Les voix s’en trouvent rehaussées et le relief des individualités, plus explicite. Soulignons les prestations impeccables du Mime de Burkhard Ulrich, Wanderer/Wotan de Willard White, moins convaincant malgré sa réputation wagnérienne, Siegfried de Ben Hepner…

Illustration: portrait de Richard Wagner (DR)

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