mercredi 23 avril 2025

Richard Wagner: Siegfried Considérations sur le héros wagnérien

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Richard Wagner: Siegfried
Considérations sur Siegfried

Ni trêve ni clémence pour les héros
Après le sublime Prologue (L’Or du Rhin), Siegfried succède ainsi à La Walkyrie. La deuxième Journée de la Tétralogie célèbre la descendance de Wotan, son irrépressible pouvoir, son énergie irrésistible. Le jeune héros dont il est question, vainc tout, grâce à l’épée qu’il s’est lui-même forgé (Notung) … avant d’être vaincu par l’amour (Brunnhilde). Rien ni personne ne lui résiste: ni le perfide Mime (son tuteur hypocrite et manipulateur, que l’enfant tue), ni Wotan dont Siegfried brise la lance, ni le dragon (Fafner) qu’il assassine afin de conquérir le trésor, l’anneau et le haume magique… Après de si terribles épreuves, Siegfried mérite bien une compagne digne de son courage, la walkyrie déchue, Brünnhilde.

Déjà dans Siegfried, se précise la chute future des dieux: Wotan n’est plus le dieux des dieux. C’est un Wanderer, le « Voyageur », ombre errante, en quête de l’anneau qui pourrait prolonger son pouvoir si menacé…

Beaucoup ont estimé dans la ligne de chant de Mime, triviale, contrainte, criarde, un rien nasalisée, voix de la duplicité, la figure du juif exécré par Wagner l’antisémite… Beaucoup de mises en scène depuis ont exploité ce filon scénique et visuel et jouer sur le contraste, il est vrai saisissant, entre les deux ténors de l’opéra: la vaillance éclatante et même claironnante pour Siegfried, la bassesse hideuse et fausse pour Mime. Mais les données du drame ne sont pas aussi simples qu’il y paraît. Certes Siegfried brille par son absence de toute peur (la condition pour qu’il puisse relever le défi qui lui est présenté)… Mais ce héros sublime scintille aussi par son absence de discernement moral… Il en paiera le prix fort dans le Crépuscule des dieux. Sa naïveté désarmante le conduira directement dans les rets de calculateurs sans scrupules, jusqu’à sa perte. Ainsi va le monde, selon le cynisme pragmatique de Wagner. Ni trêve ni clémence pour les héros.

Illustration: John Williams Waterhouse, La Belle sans merci (DR)

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