« Wagner en or »
France Musique
Du lundi 24 au vendredi 28 mai
« Grands compositeurs » : de 13h à 14h30
2010 a vu disparaître Wolfgang Wagner, le petit fils ; mais a vu également le premier Ring à l’Opéra de Paris (Bastille en mars 2010) ainsi que la publication d’un important « Dictionnaire Encyclopédique Wagner » (Actes Sud, plus de 2460 pages)… Autant de raisons, pour écouter des versions légendaires, des interprètes hors du commun dans de vastes pages de l’inventeur de Bayreuth. Autour de cinq épisodes contrastés, France Musique s’interroge sur la place de l’or, et sur le thème de l’argent, dans l’oeuvre wagnérienne, fresque si foisonnante.
Dans la Tétralogie, l’or est garant de l’harmonie originelle et primitive du monde s’il reste caché, secret… trésor stable reposant dans les eaux du Rhin. Il suffit que le nain Niebelungen, Albérich s’en empare, en soit désaisi, puis le maudisse, pour que le monde des contrats, des négociations interdépendantes, on dira « toxiques » selon le vocabulaire actuel, s’impose sur la terre, produisant faillites, envies, meurtres par jalousie, dépossession, esclavage, exploitation… en somme, Wagner nous montre comment le monde est passé d’un âge d’or humain à une civilisation totalement inhumaine… destinée à s’autodétruire.
Alors que pouvons nous face à l’hydre du profit, de la spéculation, de l’exploitation? Rien. Pas même l’amour. Sentiment lui aussi à peine résistant à l’appétit du pouvoir par l’argent… Wagner ne fait que soulever le voile et placer l’homme devant son destin: l’or et l’argent, c’est la fin de l’humanité. Sacrifiant toute moralité, les traders et les financiers spéculent jusqu’à la faillite des états. Visionnaire, Le Ring wagnérien a encore bien de choses à nous enseigner… jusqu’à sa conclusion, terrible, terrifiante, accablante. L’homme saura-t-il se sauver de lui-même?
5 feuilletons par Marc Dumont
Lundi 24 mai 2010: « L’or dure »
Fascination du métal précieux, symbole de la puissance, du pouvoir ; reflet d’un monde marchand qui se veut et se vit durable – qui, musicalement, se mire dans le Rhin. Mais l’or, trésor métaphorique, amène aussi la mort ; l’ordure ?
Schumann: 3è Symphonie « Rhénane », Dichterliebe
Mardi 25 mai 2010: « A Paris, dans la déche »
Séjours parisiens de Wagner, à commencer par le premier, le plus incertain. A 26 ans, en mal d’argent, nouveau Lucien de Rubempré ressassant « A
nous deux, Paris » ?
Wagner: Le Vaisseau Fantôme
Beethoven: Fidelio
Liszt: 6è Rhapsodie hongroise
Gounod: Faust
Offenbach: La vie parisienne…
Mercredi 26 mai 2010: « Tristes temps modernes »
Ceux d’un capitalisme naissant, d’une bourgeoisie avide d’argent. Et
Wagner face à cela ?
Wagner: Tristan et Isolde, L’Or du Rhin…
Schoenberg: Die Glükliche Hand
Weill: Mahagonny songspiel
Strauss: Sonatine n°2 « Joyeux ateliers »…
Jeudi 27 mai 2010: « Ce que Wagner nous coûte » (Nietzsche)
Pour Nietzsche, la réponse est claire : il nous coûte cher. Mais que peut-on entendre par là ?
Wagner: La Walkyrie, Les Maîtres chanteurs de Nuremberg…
Bizet: Carmen
Bruckner: 3è symphonie
Vendredi 28 mai 2010: « De la rente wagnérienne »
Dès la disparition de Wagner, il s’agit pour sa veuve Cosima, comme pour son fils Siegfried, et quelques autres, de faire fructifier l’héritage, qui est un héritage en or. Bayreuth en est le coeur – avec ses déchirements familiaux dignes des Atrides ; jusqu’à aujourd’hui.
Wagner: La Walkyrie
Siegfried Wagner: Sonnenflammen, Rainulf und Adelasia…
Richard Wagner: La Walkyrie sur France Musique
Samedi 26 juin 2010 à 19h, en direct de l’Opéra Bastille
Philippe Jordan, direction
Illustration: Richard Wagner, portrait par Franz von Lenbach (DR)
