Rimsky-Korsakov
Shéhérazade, 1889
France Musique
Dimanche 8 juin 2007 à 20h
Prima la musica. Concert en direct de la Salle Pleyel à Paris
Page majeure de la musique orientalisante, Shéhérazade est créée à
Saint-Pétersbourg en 1889. Rimsky-Korsakov (notre photo) a précisé ses
intentions. En maître des couleurs et du développement symphonique, il
entrelace ses motifs tout au long des quatre mouvements, sans volonté
descriptive, encore moins dramaturgique. L’oeuvre doit être comprise
comme une évocation, certainement pas comme une narration construite.
Igor Stravinsky: Le chant du rossignol, suite
Serge Rachmaninov: Concerto pour piano n°2
Nicolas Rimsky-Korsakov: Shéhérazade
Elisabeth Leonskaja, piano
Orchestre Philharmonique de Radio France
Vladimir Fedosseiev, direction
Shéhérazade
La Suite de Shéhérazade suit immédiatement la composition du Capriccio Espagnol. La partition est élaborée entre février et juillet 1888 , puis créée à Saint-Pétersbourg en 1889. Chef d’oeuvre absolu du compositeur, et aussi offrande la plus aboutie de la musique à l’art orientalisant, Shéhérazade regroupe plusieurs épisodes du Conte des mille et une nuits, sans systématiquement être fidèle au fil de leur narration originelle. D’ailleurs, si les titres (lire ci après) se sont maintenus, Rimsky ne souhaitait pas les voir inscrits en sous-titres de ses quatre mouvements car selon son voeu, l’allusion et la suggestion doivent supplanter toute indication anecdotique. Il avait même penser « structurer » schématiquement le flux poétique et diffus de l’oeuvre en : « Prélude, Ballade, Adagio, Final ». La notice que le compositeur rédige en complément du concert de création reste dans l’évocation: Rimsky y brosse la silhouette du sultan Shahriar qui « persuadé de la perfidie et de l’infidélité des femmes, jura de mettre à mort chacune de ses épouses après leur première nuit… ». La sultane Shéhérazade parvient à défaire ce cycle funèbre en racontant chaque soir une fable fantastique, qui tenant en haleine Shahriar l’amènera progressivement à rompre son voeu…
Un entrelac de motifs musicaux
Dans Chroniques de ma vie musicale, le compositeur insiste plus explicitement sur la nature libre et ouverte de son écriture qu’on aurait tort d’assimiler à une dramaturgie canalisée en chapitre et leitmotive définis: « … dans la plupart des cas, tous ces semblants de leitmotive ne sont que des matériaux purement musicaux, des motifs du développement symphonique. Ces motifs passent et se répandent à travers toutes les parties de l’oeuvre, se faisant suite et s’entrelaçant… ils correspondent chaque fois à des images et des tableaux différents. »
Comme Shéhérazade utilise et réutilise des fragments de poésie et de thèmes narratifs pour nourrir la trame des mille et une nuits de récit, le musicien use librement d’un motif qui donne naissance à des variations et des thèmes changeant.
La majorité des commentaires de l’oeuvre se trompe en associant à un motif, une signification précise. Le voeu du musicien cible une sorte d’impressionnisme musical, fourmillant de thèmes parfois proches mais continûment modifiables.
Plan de l’oeuvre
1. La mer et le bateau de Sindbad
2. Le récit du Prince Kalender
3. Le jeune prince et la princesse
4. La fête à Bagdad. La mer. Naufrage du bateau sur les rochers
Illustration
Portrait de Rimsky-Korsakov