France Musique
Dimanche 13 mai 2012 à 14h
Analyse de l’oeuvre
Bilan discographique
Heinrich Schütz (1585-1672) importe à Dresde pour la Cour de l’Electeur de Saxe, Johann Georg, (dont il est maître de chapelle dès 1617), puis au Danemark, les délices de l’art italien qu’il a appris auprès de Giovanni Gabrieli à Venise en 1609. Un second séjour dans la cité du doge le conduit à suivre l’enseignement de Monteverdi lui-même (1628). Les Simphoniae Sacrae (1629) puis les Petits Concerts Spirituels (1636) recueillent les fruits de son apprentissage auprès du grand Claudio.
Exequien: obsèques en latin. Shütz compose donc en 1635 un Requiem pour les funérailles de son protecteur le Prince Heinrich Posthumus von Reuss, rencontré depuis 1619 à Bayreuth. Le commanditaire fournit lui-même au compositeur le texte de son requiem (qu’il a fait gravé sur son cercueil) et qu’il entendit même avant de mourir.
La partition est un sommet de la dévotion germanique assimilant cet exotisme flamboyant de l’écriture italienne en particulier vénitienne. Schütz y recycle avec génie les ferments appris à Venise auprès des plus grands musiciens ultra-montains: Giovanni Gabrieli puis Claudio Monteverdi.
L’austérité apparente de la partition (6 chanteurs et un orgue) reflète des temps de misère, liés à la guerre de Trente Ans. Mais Schütz peut n’avoir pas pu se satisfaire de cette obligation de dénuement malgré le sujet central dédié au renoncement et aux adieux; l’écriture gabrielienne a contrario suppose une opulence primordiale que le choix actuel des instruments souligne avec justesse (viole, flûte, trombones…)…
Le cycle est tripartite: d’abord un rituel allemand (Gloria, Kyrie); puis Motet, enfin traduction du Cantique de Simon (Canticum Simeonis), prière intime à la paix et à la quiétude finale, celle de l’âme sanctifiée accueillie par les séraphins.