mercredi 23 avril 2025

Strauss: Elektra. Irène Theorin, Waltraud MeierDaniele Gatti, Salzbourg 2010 (1 dvd Arthaus Musik)

A lire aussi
Salzbourg 2010. Dans la mise en scène sobre, dépouillée, aride, tout en béton gris brut de Nikolaus Lehnhoff, conçu comme un bunker éclaté avec ses teintes poussiéreuses, se dresse le chant halluciné d’Irène Theorin, Elektra déchirante, voix aux nuances millimétrées, articulant un allemand nocturne voire crépusculaire tout en accents et frémissements haineux et vengeurs. Face à elle en une scène anthologique, sa mère Clytemnestre, vieille charogne homicide hantée par ses crimes mais d’une dignité si humaine se pose en fière et troublante souveraine (indiscutable et époustouflante Waltraud Meier); et Oreste qui paraît en fin d’action pour réaliser le projet d’Elektra sa soeur, profite tout autant de l’acier noir et impérial du baryton-basse René Pape: chant sombre du renversement tant attendu, celui de la vengeance des enfants d’Agamemnon assassiné. A eux trois, les chanteurs composent ici une trinité vocale superlative qui fait toute la valeur de cette production salzbourgeoise plutôt captivante.
Seuls, le chef pourtant disposant d’un orchestre somptueux et de chanteurs au format de la perfection, se montre plutôt brouillon et lourd (quel dommage!), et Eva-Maria Westbroek semble trop large dans le rôle angélique de Chrysotémis. Nonobstant, le spectacle, riche en vrais instants de magie théâtrale, servie par deux chanteuses d’exception (Irène Theorin et Waltraud Meier) se distingue comme l’une des meilleures productions d’Elektra qu’il nous ait été données de voir… D’autant que côté mise en scène, le travail de Nikolaus Lehnhoff se révèle juste et intelligent, jouant sur les effets de lumière électrique, d’ombres dessinées, de trous inquiétants, de scène étouffante et fermée sur son sujet, digne écrin lyrique qui ressuscite la beauté tragique et terrifiante des drames grecs antiques: Hofmannsthal ne s’inspire-t-il pas de Sophocle et avec quel panache fulgurant? Splendide.

Strauss: Elektra. Iréne Theorin (Elektra), Eva-Maria Westbroek (Chrysothémis), Waltraud Meier (Clytemnestre), René Pape (Oreste), Robert Gambill (Egisthe), Wiener Philharmoniker. Daniele Gatti, direction. Mise en scène : Nikolaus Lehnhoff.

Derniers articles

CRITIQUE événement. COFFRET : BRAHMS / GARDINER. Symphonies n°1 – 4. Royal Concertgebouw Orchestra Amsterdam (2021, 2022, 2023 – 3 cd DG Deutsche Grammophon)

18 ans après les avoir jouées et enregistrées avec l’Orchestre romantique et révolutionnaire (2007), John Eliot Gardiner reprend l’étude...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img