Norma est de retour au Capitole : Anne Delbée, femme de théâtre et de tragédie, reprend sa mise en scène, six ans après sa création en 2019, et se met au service de deux distributions renouvelées, à l’exception d’une interprète, Karine Deshayes : Adalgisa en 2019, elle sera désormais Norma, relevant le défi des pas moins de 11 contre-ut (avec reprise de la cabalette) et surtout le finale de l’acte II qui expose la chanteuse continument pendant 30 mn ; sans omettre outre la folie qui verse un moment dans l’infanticide, la prière éthérée de « Casta diva », à chanter pianissimo, comme le précise Bellini sur le manuscrit… ; et c’est Chiara Amarù qui sera Adalgisa à ses côtés.
Claudia Pavone, Traviata remarquée en 2023 à Toulouse, incarnera en alternance sa première Norma, quelques semaines après Cléopâtre dans Jules César. Elle donnera la réplique à l’Adalgisa d’Eugénie Joneau, « Révélation, artiste lyrique » des Victoires de la Musique Classique 2022. Ce plateau prometteur est dirigé par le chef espagnol José Miguel Pérez-Sierra qui fait ainsi ses débuts dans la fosse de l’Opéra national du Capitole.
Encouragé par le succès de ses 4 opéras précédents, Il Pirata, (son 3è ouvrage lyrique en 1827), puis La Straniera en 1829, enfin I Capuleti e i Montecchi en 1830 et
La Sonnambula en mars 1831, Bellini, la trentaine conquérante, connaît avec Norma, présentée en décembre 1831 à La Scala, son premier revers.
Avec Felice Romani, son fidèle librettiste depuis Il Pirata, Bellini choisit d’adapter une pièce contemporaine française (de Louis Antoine Soumet), créée en avril 1831 à L’Odéon de Paris. Pourtant si l’héroïne de Soumet devient infanticide, plongeant du romantisme volcanique dans les eaux de la passion terrifiante, Bellini mesure, tempère et ne franchit jamais le cercle de l’horreur ; Norma, prêtresse gauloise, et amante passionnée, druidesse altière et amoureuse détruite, demeure digne malgré la trahison qu’elle subit ; icône sacrificielle, elle entre dans le martyre. Bellini en fait une héroïne d’un nouveau type : déterminée, maîtresse de son destin, Norma certes mourra mais du fait de sa volonté et par choix. Ce qui la rend d’autant plus admirable. Le compositeur peut compter sur le talent de celle qui incarna avant Norma, la Sonnambula, Giuditta Pasta. L’insuccès ne dura pas. Et dès la 4è représentation, la modernité du sujet et l’audace de sa forme (airs enchaînés, ampleur nouvelle des chœurs et de la parure orchestrale,…) suscitent l’enthousiasme du public, produisant ensuite 35 représentations suivantes. Wagner grand admirateur de Bellini, appréciait particulièrement dans Norma, outre sa veine mélodique, « la plus profonde réalité, (…) la passion intérieure ».
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BELLINI : Norma
8 représentations
Les 26, 28*, 29 mars et 1er, 2*, 4 avril à 20h
30* mars et 6 mars à 15h
Représentation supplémentaire : samedi 5 avril,20h
RÉSERVEZ vos places directement sur le site de l’Opéra national du CAPITOLE de TOULOUSE : https://opera.toulouse.fr/norma-2064056/
Tragedia lirica en deux actes
Livret de Felice Romani
Créé le 26 décembre 1831 au Teatro alla Scala de Milan
Production Opéra national du Capitole (2019)
Théâtre du Capitole
José Miguel Pérez-Sierra, direction musicale
Anne Delbé, mise en scène
Karine Deshayes, Claudia Pavone* : Norma
Chiara Amarù, Eugénie Joneau* : Adalgisa
Luciano Ganci, Mikheil Sheshaberidze* : Pollione
Roberto Scandiuzzi, Adolfo Corrado* : Oroveso
Anna Oniani : Clotilda
Léo Vermot-Desroches : Flavio
Emmanuel Barrouyer : Le Grand Cerf blanc
Orchestre national du Capitole
Chœur de l’Opéra national du Capitole
Gabriel Bourgoin, chef du choeur
Tarifs : 10 à 125 € – Durée : 3h10 avec entracte
Chanté en italien, surtitré en français
opera.toulouse.fr
+33 (0)5 61 63 13 13
synopsis
Après avoir eu deux enfants de sa relation secrète avec la prêtresse gauloise Norma, le proconsul romain Pollione la délaisse pour aimer la servante de cette dernière, Adalgisa. Alors que le clan des gaulois attend de la prêtresse, le signal de la révolte et de l’insoumission à Rome, Norma, femme trahie, choisit la dignité et le sacrifice plutôt que l’infanticide et la haine…