TOURS. Concert SHAKESPEARE 2016, les 10 et 11 décembre 2016. Superbe saison symphonique à l’Opéra de Tours, sous la direction artistique du nouveau directeur Benjamin Pionnier. Après avoir « mesuré »’ lors d’un premier concert inaugural – le 5 novembre dernier, les possibilités des musiciens de l’Orchestre maison : Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire / Tours, Benjamin Pionnier poursuit l’offre orchestrale avec ce second périple, vrai parcours symphonique où prime l’évocation dramatique et poétique de formes ingénieuses et nouvelles, ouvertures et poèmes symphoniques, sorte de condensés palpitants qui affirment chacun la vitalité des écritures ici associées ; d’autant mieux combinées que toutes illustrent l’éclat et l’intensité du drame shekespearien, puisque Benjamin Pionnier dédie ce nouveau programme à Shakespeare. Sous la conduite du chef invité – franco-irlandais-, Robert Houlihan (né en 1952 – élève de George Hurst, comme Benjamin Pionnier). Au programme des oeuvres souvent inédites, et trop peu jouées en concert (même à Paris). Ainsi après s’être dédié aux grandes symphonies et aux compositeurs français oubliés, les instrumentistes de l’orchestre tourangeau suivent une nouvelle voie artistique, aussi riche et complémentaire à leurs réalisations antérieures. Dans le théâtre Shakespearien, la violence des éléments naturels est le miroir des passions humaines les plus violentes. Souvent, le poète britannique a portraituré avec un souffle exceptionnel, la force barbare qui fait basculer le destin des héros dans la tragédie et la folie. Ainsi Macbeth (Sullivan), ou Othello (Dvorak), sans omettre les personnages délirants, attachants de La Tempête (Caliban, Ariel…, dans les deux version de Sibelius et de Tchaikovsky). La grande cohérence de la programmation permet de (re)découvrir des partitions fortes, contrastées, hautement caractérisées en un programme symphonique des plus prometteurs.
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Concert Shakespeare 2016
TOURS, Opéra. Concert Shakespeare 2016
Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire/Tours
Robert Houlihan, direction
Samedi 10 décembre 2016 – 20h
Dimanche 11 décembre 2016 – 17h
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Programme détaillé :
Sir Arthur SULLIVAN
Macbeth, Ouverture
Hector BERLIOZ
Scène d’amour de Roméo et Juliette
Piotr TCHAIKOVSKY
La Tempête, fantaisie symphonique d’après Shakespeare Op.18
Otto NICOLAI
Ouverture de l’opéra Les joyeuses commères de Windsor
Anton DVORÁK
Othello – Op.93
Jean SIBELIUS
La Tempête (extraits)
Direction musicale: Robert Houlihan
Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire/Tours
Conférence de présentation du programme et des œuvres :
Les 10 décembre à 19h, 11 décembre à 16h
Grand Théâtre, Salle Jean Vilar, entrée gratuite
Un exemple de partition méconnue, même des mélomanes ? voyez ainsi La Tempête de… Sibelius (aux côtés de celle de Tchaikovski). On connaît évidemment davantage les symphonies de Sibelius – véritable hymnes à la nature), et les ballets du génie russe. Mais sur le métier shakespearien, Sibelius ose tout dans une évocation ciselée qui sur le plan instrumental exige des nuances infimes à l’orchestre. D’une durée de presque 26 minutes (selon les versions), le cycle orchestral du compositeur finlandais est destiné à être jouée comme musique de scène de la pièce de Shakespeare : ses épisodes suivent très précisément l’accomplissement de la tragédie. Composé de 1925, créé lors d’une représentation de la pièce en 1926, le matériau confine à l’épure et à l’ascèse dont la violence et l’intensité compense l’économie. En tout 34 séquences, d’un souffle inédit, précédé par un Prélude (sans tonalité fixe, totalement déconcertant, et de ce fit plongeant dans le mystère humain le plus déroutant). Siblelius ne fait pas soutenir le drame en en évoquant la tension interne, il exprime la puissance des forces supérieures qui semblent dans l’ombre, étreindre et contraindre toutes les âmes d’un drame irréversible…
Même découverte totale et format court mais expressivité exaltée pour Othello de Dvorak. Il s’agit du dernier volet d’un triptyque constitué de 3 volets, créé à Prague sous la direction de Dvorak, en 1892. Le dernier « Othello » illustre la destruction de l’amour par le poison de la jalousie. Dans le thème de Desdémone, Dvorak se souvient du Roméo et Juliette de Tchaikovski, auquel le compositeur Tchèque oppose très subtilement le thème de la Nature, maléfique, démoniaque. La spirale montante aux violons dans la séquence finale, exprime la folie meurtrière qui conduit le Maure, trop faible, à tuer celle qu’il aime…